Mont-Comi
C’est la grande surprise de cette virée. Et Dieu sait qu’elle avait intérêt à mériter le détour, cette station! Je venais de faire 10 heures de route dans la tempête, entrecoupées de quelques heures de ski à mi-chemin.
Il faut dire qu’en cet étrange mois d’avril, les colossales chutes de neige ont contribué à l’appréciation de cette mignonne station du Bas-du-Fleuve, très courue par les télémarkeurs. Qu’importe si je n’ai pas eu droit aux panoramas sur le Saint-Laurent, des tombereaux de neige ont rendu mon bref passage complètement féerique.
Dessinés pour la plupart par Réal Boulanger, fondateur de Sutton et maître sculpteur de pistes, les sous-bois de cette station sont un pur régal. Inclinés à souhait, juste assez larges pour recevoir de belles bordées, ils sont aussi légèrement resserrés pour éviter que le vent évacue les flocons à mesure qu’ils tombent. « Mes préférés ? Les Sous- Bois I et II : ils sont ouverts et sauvages, comme doit l’être un sousbois », postule Jacques Bergeron, directeur de l’école de ski.
C’est sur cette dernière piste que trône « Le Palmier », une immense épinette rouge qui a survécu au grand incendie qui a ravagé ce versant de la montagne, dans les années 1950. Aujourd’hui, de beaux bouleaux et bien des arbres matures ont repris leurs droits sur les lieux, et c’est d’autant plus agréable d’y tracer de longues arabesques en s’envoyant toute cette neige folle par-dessus les rotules.
Les trois autres sous-bois sont tout aussi enlevants, avec cette impression de traverser une forêt vierge et clairsemée, toujours en procurant cette sensation de pratiquer du hors-piste, sans jamais craindre la collision avec de larges fûts trop serrés. Enfin, c’est du moins ce qu’on ressent sur les pistes Chevreuil (26), Lièvre (27) et Sous-Bois III (19), parce qu’il existe une autre voie hautement porteuse d’adrénaline : le Death Valley, un sous-bois officieux où ceux qui n’ont pas froid aux yeux se rendent par leurs propres moyens et… à leurs propres risques.