Mont-Sainte-Anne

En quittant Montréal, ce 28 mars, il fait 7 °C ; en arrivant au mont Sainte- Anne, 3 h plus tard, il fait -1 °C. Youpidou ! Enfin… façon de parler : tous les sous-bois sont gelés raide. « Commence par le versant nord, sinon, je ne donne pas cher de ta peau : le côté sud est complètement glacé, et les pentes sont abruptes ! » me signalent les patrouilleurs de ski.

J’attaque donc les Vital-Roy et Sydney-Dawes, ces jumelles boisées du côté nord : que du beau conifère odoriférant, ou presque. Une vraie balade en forêt, superbe. Mais la planche à laver des pentes a tôt fait de me… lessiver ; heureusement, le soleil plombe ferme et délie rapidement la glace sur le versant sud.

J’emprunte donc les Îlots, un nom qui décrit pleinement cette piste séparée en deux par des groupes d’arbres. On qualifie à tort cette piste de sous-bois, laquelle débouche quand même bien vite sur l’entrée de la bien nommée Belle, une jolie piste pas trop clairsemée et juste assez dénivelée. Tout comme sa cousine la Brunelle, bien plus à l’ouest sur le versant sud.

Vers 11 h, le soleil a assez taraudé la glace. J’estime que la pièce de résistance de cette station est mûre pour être cueillie : la Forêt Noire m’attend.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette piste n’est certes pas du gâteau.

Dès l’entrée, un grand panneau de bois donne le ton, avec l’illustration d’un gros bûcheron barbu : ouverte à coups de scie à chaîne sur un flanc boisé du mont, elle est hérissée de belles épinettes noires, mais aussi de quantité de souches qui émergent des neiges. À pic au début, plus mollo par après, cette piste forme désormais une sorte d’hydre à trois branches : la Schnell et la Munster, deux pistes simple diamant, et la Triumph, double diamant. Les trois convergent à mi-chemin de la Crête, qu’on est bien heureux de rallier après avoir mis à rude épreuve sa suspension corporelle dans de jolis champs de bosses.

Exaltante, essoufflante et époustouflante, la Forêt Noire est un des rares endroits de la façade sud où on skie sans voir – ou si peu – le fleuve. Qu’à cela ne tienne : pour s’y rendre, on doit obligatoirement gagner le sommet de la Crête, ce qui permet de jouir d’un des plus beaux panoramas skiables du Québec… avant de conclure avec une bonne séance de carving sur cette même piste, conçue pour repousser les limites de la haute vitesse.