Visite à la mecque de la course à pied

ÀIten, courir est un mode de vie. « Twende, kimbia ! » (« Allez, cours ! », en swahili) Vivre pour courir, et courir chaque jour pour vivre, avec un seul objectif :courir plus vite le lendemain. A posteriori, ce sont cette simplicité et la passion de la course qui attirent vers cette destination peu conventionnelle. Courir au cœur de la vallée du Grand Rift, le berceau de l’humanité, est un pèlerinage en soi, une expérience de recueillement vraiment authentique.

Pour la plupart des Kényans, la course à pied représente l’espoir d’un meilleur avenir. Au Kenya, où la précarité des conditions n’assure pas trois repas par jour, de vieilles godasses usées servent d’outil de travail pour ceux qui ont la chance de les chausser. Poussés par la possibilité d’accéder à la célébrité et à la richesse des champions, des pelotons se forment chaque jour pour faire lever la poussière des routes en terre battue.

Dès l’aube, on fait un jogging d’une dizaine de kilomètres pour se mettre en jambes. Cette pratique a des airs de méditation. Le corps se connecte à son environnement. Les foulées sont aussi légères que l’air frais du matin, aussi longues que l’ombre au sol. Iten se réveille tous les jours sous les pas de ses champions.

À différents endroits dans le village, plusieurs groupes de quelques dizaines de coureurs se donnent rendez-vous pour réveiller les coqs. Il ne faut pas manquer le troupeau, car si l’horloge est oiseuse pour la vendeuse de bananes et le chauffeur d’autobus, le coureur kényan est très ponctuel.

Une semaine olympique
Le programme s’étire sur toute la semaine. Les jeudis « fartlek » enflamment le peloton avec des calibres olympiques, et quelques amateurs en jambes. Les mardis, mercredis et vendredis, des centaines de coureurs se retrouvent sur la légendaire piste de Kamariny pour des entraînements par intervalles. Un duel épique s’y joue : Kamariny voit s’affronter les équipes Nike et Adidas. Il est impressionnant d’assister à un tel spectacle et d’avoir la chance de courir à leurs côtés le temps d’un tour de piste.
Après ça, la longue sieste d’après-midi est essentielle. On chuchote en coulisses que le secret des Kényans repose justement sur cette sieste. Personne ne sait mieux apprécier le farniente que les coureurs kényans, et c’est parce qu’ils récupèrent si bien qu’ils atteignent un tel niveau de performance.

Après la sieste, un léger 5 km est de mise, sinon la journée ne serait pas complète.

Le culte de la course…
Cette structure organisée et respectée à la lettre a graduellement engendré un culte de la course dans ce temple du marathon. Des investisseurs ont développé le concept de « village des champions ». Des infrastructures durables ont décuplé, tels un stade, des
complexes d’entraînement, des établissements hôteliers, etc. Ces installations attirent chaque année des centaines de Mzumgus (le nom donné aux étrangers) qui viennent s’imprégner d’une culture unique. Nulle part ailleurs n’est-il possible de s’entraîner avec les Sidney Crosby ou les LeBron James de ce sport.

Iten offre cette chance d’apprendre des meilleurs à chaque sortie. Plusieurs précurseurs emblématiques de la course à pied y ont élu domicile : « Coach Bro Colm », Wilson Kipsang et Lornah Kiplagat contribuent encore à édifier cette mecque de leur discipline. Pour plus d’un coureur, Iten est une véritable pépinière d’athlètes. Pas faux : des temps de course dignes d’un champion canadien se voient relayés à l’arrière de la caravane…

… et du cyclisme
La réputation montante d’Iten attire une communauté croissante de cyclistes, qui montrent les dents sur les circuits professionnels africain et européen. Les membres des Kenyan Riders Downunder, ces grands pédaleurs, exhibent leur talent dans les sports d’endurance. D’ailleurs, Christopher Froome, Kényan de naissance et double champion du Tour de France, retourne annuellement à ses racines au camp des Riders.

Aujourd’hui, Iten n’a plus besoin de présentation auprès de l’élite occidentale. Le village préserve tout de même son authenticité et sa culture traditionnelle kényane, évitant de tomber dans les grands circuits du tourisme sportif. Le comté d’Elgeyo-Marakwet, où se trouve Iten, semble banal pour quiconque traverse l’arche des champions sans connaître son histoire. Le comté est ignoré des promoteurs de safaris, est trop loin des belles plages et du Kilimandjaro, et reste près de ses traditions.

Il est un des lieux les plus paisibles du Kenya, et la sécurité n’est en aucun cas un enjeu pour les visiteurs. Elgeyo-Marakwet est une oasis de paix et de stabilité pour le Kenya. Le district fait office d’arrière-pays pour la grande ville de la région, Eldoret. On y trouve tous les services, incluant un aéroport international et des supermarchés. Les communautés kalenjin originaires de la vallée du Grand Rift sont bien servies !

Les passionnés qui feront le voyage vers ce panthéon en reviendront avec des records personnels de temps de course, c’est garanti ! En plus d’avoir été séduits par une culture méconnue et combien attachante.
Twende, kimbia !
 

Repères
Iten, Kenya

AVANT DE PARTIR
Vérifiez les recommandations et les exigences relatives à un tel voyage, publiées par le gouvernement canadien :
www.voyage.gc.ca/destinations/kenya

Pour des conseils pratiques et plus d’information sur les voyages en Afrique :
www.go2africa.com

S’y rendre
Moyennant quelques escales, des vols Montréal-Nairobi sont proposés à partir de 2000 $.

Des hôtels offrant plusieurs services, dont le Wi-Fi, peuvent vous héberger à partir de 50 $ à 100 $ par nuitée.

Certaines agences organisent des circuits d’une ou deux semaines pour les amateurs de course, et ce, à compter de 950 $ par personne.

À savoir
Il n’est pas superflu d’apprendre quelques expressions de base en swahili.

Assurez-vous que vos vaccins sont en règle.

 

 

Galerie

Visite à la mecque de la course à pied