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Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
Quatre rivières à descendre doucement en Floride
Au moment de notre départ, l’hiver aux aurores, le canot craque de toutes parts alors que la température oscille autour de 30 degrés, euh… moins 30 degrés ! Plusieurs heures plus tard, en Virginie, c’est une épaisse couche de verglas qui nous force à faire un arrêt. Le canot ressemble à un immense Popsicle.
Ouais, il y a plein de bonnes raisons, je disais, pour aller en Floride l’hiver… La première, c’est qu’il fait chaud et que l’eau est dégelée. La deuxième, c’est que l’endroit est truffé de rivières formées par des sources d’eau claire. Enfin, c’est le bon moment, avant que les hordes de touristes n’envahissent les rivières, assis dans un tube, bière à la main, lorsque la température se réchauffe avec le printemps. Et il est toujours possible de louer une embarcation une fois sur place…
La Floride, c’est le plat pays. Il n’y a qu’un seul (petit) rapide dans tout l’État. L’eau de surface s’écoule donc lentement, très lentement. On y va pour pagayer en eau calme, paisiblement, jumelles rivées aux yeux et appareil photo à portée de main. Le sol y est poreux et on y trouve la plus grande concentration de sources dans le monde (près de 700). Plusieurs de ces sources nourrissent une rivière ou en sont carrément le point de départ. Ajoutez à cela une faune et une flore abondantes et vous avez le portrait de la situation. Voici quatre rivières à explorer dans la région d’Orlando.
1 Rivière Rainbow
Pagayer entre tortues et alligators
www.floridastateparks.org/park/Rainbow-Springs
Cette petite rivière d’eau claire est située à l’est de Dunnellon, à l’intersection des routes 40 et 41, et prend naissance dans le parc d’État éponyme. Une imposante source (avec ses deux milliards de litres par jour, c’est la quatrième en importance aux États-Unis) jaillit du sol en de nombreux endroits pour créer la rivière proprement dite. L’eau y est d’une clarté incroyable ! Et chaude avec ça… avec un confortable 22 °C à longueur d’année.
Bien qu’elle ne fasse que 9,6 km de longueur depuis sa source jusqu’à sa rencontre avec la Withlacoochee, plus au sud, on peut facilement y flâner une petite journée, si on revient sur nos pas. Il faut bien effectuer un début progressif…
Si on a pris soin de réserver un emplacement de camping au parc, la mise à l’eau se fait facilement, et gratuitement, en laissant l’auto près de la tente et en portageant (il est plus facile d’utiliser un chariot) les quelque 500 m qui nous séparent du quai. À la mise à l’eau, il est probable qu’on décide de pointer le canot vers la gauche et descendre ainsi tout doucement avec le courant afin d’entreprendre notre première sortie.
C’est à ce moment que la magie opère. Le rythme des coups de pagaie diminue, on se met à regarder tout autour, et on s’extasie devant tant d’oiseaux, de tortues… et d’alligators. Il y en a tellement, et si près de nous. On perd la notion du temps, on oublie même de pagayer. Pas de problème, le courant nous entraîne dans la bonne direction.
On se retrouve à l’embouchure de la rivière Withlacoochee, beaucoup moins paisible (il y a plusieurs bateaux à moteur), et si l’envie nous prend, on peut poursuivre la course encore plusieurs heures. Ou alors, on pivote et on remonte la rivière, toujours aussi facilement. On repasse devant le point de mise à l’eau pour se diriger vers la source, plus en amont.
Ouah… ça doit être un mirage : le lieu a été aménagé pour qu’on puisse s’y baigner. Sans alligators ! Génial. À faire trempette ainsi, on oublie vite l’hiver et le verglas…
2 Rivière Crystal
Un labyrinthe d’eau
www.floridastateparks.org/park/Crystal-River-Preserve
Après un premier contact avec la forêt tropicale de la rivière Rainbow et ses sources d’eau claire, on met le cap vers l’ouest jusqu’au village de Crystal River, à l’intersection des routes 19 (98) et 44. Localisé sur les rives du golfe du Mexique, l’endroit est parsemé de parcs et de réserves de toutes sortes : parc d’État Crystal River, refuge Chassahowitzka, réserve aquatique St. Martins… Petite déception, le coin est aussi très développé, avec ses artères commerciales, ses maisons unifamiliales… et sa centrale nucléaire.
La rivière Crystal débute dans Kings Bay, près du village, pour se jeter dans la mer
environ 10 km plus loin. Pour pagayer du village jusqu’au golfe, on se pointe à l’accueil du parc. Pas si simple : il est préférable d’aller mettre à l’eau plus loin, car la rivière est soumise aux courants de marée et connaît un fort trafic de bateaux à moteur.
La seconde option est de se rendre sur la 19 Sud puis la 494 Ouest (Ozello Trail). Là, l’eau de la baie est peu profonde, saumâtre et, surtout, c’est un vrai labyrinthe de palétuviers. Le lieu dégage une impression de vastitude et suggère aussi la possibilité de s’égarer. Bon, pas longtemps, parce que la fumée de la centrale nucléaire nous sert de point de repère, au loin. Mais suffisamment pour jurer un peu quand le canot se hisse sans avertissement sur des hauts fonds créés par des bancs d’huîtres qui nous lacèrent les chevilles à force de pousser avec les pieds. Si la faune avicole se fait rare, les poissons de toutes sortes prennent le relais, et la journée semble encore trop courte, à tourner ainsi en rond dans Crystal Bay.
3 Rivière Silver
La jungle floridienne et ses macaques
www.floridastateparks.org/park/Silver-Springs
La rivière Silver prend vie dans une importante source localisée dans le parc du même nom, à l’intersection des routes 35 et 40, un peu à l’est de la ville d’Ocala. Environ 9 km plus à l’est, la rivière termine sa course dans la Oklawaha et offre ainsi des tonnes de possibilités pour une sortie de plusieurs jours, en longeant le parc Ocala. Le point de mise à l’eau le plus facile, surtout si on y campe, est le parc d’État Silver River. Une petite marche de 1 km sur un sentier de gravier qui pénètre dans la forêt permet d’atteindre la rampe de mise à l’eau.
Si on opte pour remonter le courant, on arrive assez rapidement à la source et à un parc doté de plusieurs bâtiments et de quais pour amarrer les fameux bateaux à fond de verre. Mais une fois notre curiosité assouvie, c’est plutôt en aval, en direction de la rivière Oklawaha, que la journée commence vraiment.
Sur cette rivière étroite et bordée d’arbres tropicaux, on croit entrer dans une jungle impénétrable. Alligators, tortues et oiseaux se laissent photographier pendant qu’on glisse silencieusement tout près. On est aux anges. On rencontre même quelques singes !
Ce sont des macaques, amenés sur place en 1938 afin d’agrémenter les tours de bateaux d’un exploitant du coin. Ils ont réussi à s’adapter et vivent encore à l’état sauvage même si plusieurs sont maintenant porteurs du virus de l’herpès B et sont considérés un danger pour la santé publique.
Notre arrivée à la confluence des deux rivières est le signe qu’il faut retourner. Au retour, le courant d’environ 5 à 8 km/h se fait sentir et ralentit la cadence. Mais qu’importe, l’exercice n’est pas désagréable, et il permet de repasser devant la bande de singes…
4 Rivière Wekiwa
S’évader en deux temps
www.floridastateparks.org/park/Wekiwa-Springs
Wekiva ou Wekiwa… on ne sait pas. Les deux graphies se retrouvent en alternance sur les panneaux, les affiches et dans les publications. Ce serait un mot séminole qui signifierait « source d’eau ». Plusieurs rivières pourraient se nommer ainsi, non ? Ça doit être comme nos rivières Noire, Rouge et autres appellations du genre !
Prenant naissance près de la ville d’Apopka, cette petite rivière est créée par une source et génère un débit de 162 700 000 litres d’eau par jour. Sa course se termine 26 km plus loin en se déversant dans le fleuve St. Johns, plus au nord. Intéressante en raison de sa longueur, ses nombreux points de mise à l’eau et les possibilités de camping le long de ses berges, on peut facilement y passer deux jours et effectuer plus d’une sortie.
Pour la première descente, un point de mise à l’eau près de la source, à Kings Landing, permet de se rendre jusqu’à Wekiva Island et de revenir, de justesse, avant que la barrière ne soit fermée pour la nuit. Le courant est toujours plus fort au retour, surtout qu’on le combat avec la fatigue de la journée.
La seconde sortie se fait à quelques mètres de la tente, à Wekiva Falls. Cette fois, on remonte le courant en début de journée pour terminer en le redescendant. Pas de souci avec le courant. La prolifération de plantes de toutes sortes, elle, ralentit la progression. Même si un « bateau-tondeuse » est passé pour entretenir le canal.Une chance !
Météo plus fraîche, ciel gris ou pur hasard, on y croise plus d’animaux que d’humains. Ça, c’est notre genre de rivière ! n