Présenté par Tourisme Gaspésie
Destinations

Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

Vive l’Écosse libre !

En raison de ses 25 000 lacs dispersés dans les Highlands, l’Écosse est peut-être la plus belle destination d’Europe pour le canot.

William Wallace. Personnage mythique, défenseur de l’Écosse face aux Anglais, incarné par Mel Gibson dans le magnifique Braveheart. Dès les premières secondes du film, vous ressentez vous aussi l’appel des Highlands, ces hautes terres d’Écosse débordantes de lacs et de rivières. Et cette réplique qui déclenche tout : « Tell them Scotland is free », qui s’adresse aux Anglais qui occupaient l’Écosse. Cet ordre, ou plutôt cette mise en garde, a sonné en nous comme une invitation : il fallait vérifier !

Ce périple commence dans le vieux 4X4 Land Rover de Ian Purkis, canoteur gallois rencontré sur le forum anglais The Song of the Paddle. Ex-guide de safari en Afrique, adepte du bushcraft (cet art de vivre en pleine nature avec un minimum d’équipement), forestier et consultant en gestion de ressources fauniques, constructeur de maisons et de canots en bois, Ian Purkis est le guide parfait. Dans ce Land Rover exigu et plein à craquer commence une douce plongée dans le cœur de l’Écosse. Douze jours de canot et de camping sauvage nous attendent sur quelques-uns des plus beaux lochs, terme gaélique signifiant « lac ».

Beaucoup d’eau dans les lochs
Très concentrés sur les parties nord et ouest de l’Écosse, les lochs proposent une très grande diversité de formes et de tailles. Les plus importants s’étendent dans les grandes vallées en U formées pendant l’ère glaciaire. Le loch Lomond présente la plus grande surface (71 km2), le loch Morar, la plus grande profondeur (310 m), tandis que le célèbre loch Ness contient plus d’eau que tous les lacs d’Angleterre et du pays de Galles réunis (7,4 millions de m3). L’eau est partout !

Parlant d’eau, question plate : « Pleut-il si souvent en Écosse ? » Notre guide commence par affirmer, avec le plus grand flegme britannique : « La saison des pluies s’étend de début juin à la fin mai. » Pour ensuite enchaîner : « Ici, on a un dicton : si tu vois la montagne, c’est qu’il va pleuvoir ; si tu ne la vois pas, c’est qu’il pleut déjà. »

Certes, l’été est moins pluvieux, mais les midges, la version écossaise de nos mouches noires, sont alors plus nombreux. Il faut choisir.
En embarquant sur le loch Awe, on peut commencer par assouvir un des grands fantasmes de la pratique du canot en Écosse : pagayer au pied d’un château. Celui de Kilchurn figure parmi les plus photographiés du pays. Construit au XVe siècle, c’est la maison ancestrale des Campbell, un des plus grands et des plus puissants clans des Highlands.

À quelques dizaines de mètres de la plage, un immense brochet, fraîchement sorti de l’eau, gît mystérieusement dans l’herbe alors que l’île est totalement vide. Ian en profite pour me rappeler que l’Écosse est une des plus belles destinations du monde pour la pêche sportive. Les permis et les séjours, notamment pour la pêche au saumon, se vendent à prix d’or et représentent un marché total de 113 millions de livres sterling !

Le loch Shiel
Glenfinnan, le monument le plus photographié d’Écosse, se situe à l’extrémité du loch Shiel, où nous nous embarquons pour 30 km de bonheur. Un dernier au revoir aux dizaines de touristes qui nous prennent en photo, plus captivés par notre départ que par le monument lui-même et le célèbre viaduc situé à côté (rendu célèbre par Harry Potter). S’ensuivent de belles heures de pagayage dans un fjord magnifique se reflétant dans le miroir de l’eau.

À part quelques élevages de saumons et les chevreuils qui guettent au sommet des montagnes, il n’y a pas âme qui vive. Un immense sentiment de liberté grandit chaque jour dans les esprits, le constat rassurant qu’il existe encore des étendues sauvages. Accepter la rudesse de la météo participe aussi à une sorte d’affranchissement libérateur. Qu’il pleuve ou non, le temps va changer et, au pire, tout sera oublié le soir autour d’un bon feu, où on évoquera les moments forts de la journée.

Après 17 km à pagayer tout droit dans le fjord, changement d’ambiance radical en remontant la petite rivière Polloch sur 2 km pour accéder au loch Doilean. Un peu d’eau vive et un peu de technique de cordelle permettent de se dégourdir les jambes. Au bord du lac, le temps s’arrête pendant que l’eau du thé chauffe. L’apparition du soleil permet de faire sécher la tente détrempée. En Écosse, la monotonie n’existe pas et, de retour sur le Shiel, un vent à décorner les bœufs nous attend. Au bout de deux heures de lutte, l’objectif est atteint, alors que le vent tombe complètement et que le lac se transforme à nouveau en miroir.

La partie finale du loch Shiel est un feu d’artifice qui justifie le voyage à lui seul. Le lac se rétrécit pour se transformer en rivière, phénomène toujours exaltant à vivre en canot. La rivière s’engorge sur quelques centaines de mètres avant de reprendre à nouveau ses aises dans une large vallée. L’air marin annonce la fin de cette balade de trois jours et l’arrivée dans le loch Moidart. Pour terminer en beauté, la rivière choisit de se déverser dans la mer (les lochs désignent aussi les bras de mer) par un magnifique seuil que nous choisissons de porter pour ne pas avoir à brasser dans l’eau salée. L’affaire est largement jouable, mais on préfère la jouer relax pour la grande finale : le château de Tioram. Les piétons peuvent y accéder seulement à marée basse. Du canot, on a le privilège de l’admirer sous tous les angles.

Troisième partie :
le redoutable Rannoch Moor

En nous dirigeant vers Fort William, nous avons eu un coup de foudre pour la beauté lunaire de la vallée de Glencoe, haut lieu de la randonnée et station de ski célèbre au Royaume-Uni. Un paysage complètement pelé, voire austère quand les nuages ne décollent pas du plancher. Au pied de la célèbre montagne s’étend un no man’s land impressionnant où l’eau ne semble pas savoir de quel côté elle doit couler tant le paysage est plat à perte de vue.

Le topoguide fait une mise en garde : il s’agit d’un des circuits de canot les plus « engagés » d’Écosse. Le parcours ne fait que 15 km, mais quand le brouillard s’installe, il est très facile de se perdre dans un labyrinthe d’îlots n’offrant que très peu de repères visuels, même quand la météo est claire. L’autre danger est le vent : s’il se lève une fois que le périple est bien entamé, nulle échappatoire n’est envisageable et la seule solution est d’attendre l’accalmie. Il faut aussi préciser que la navette de Rannoch Moor n’est pas une mince affaire (près de 80 km).
Enfin, une autre particularité de ce périple est le niveau d’eau qui peut radicalement changer la donne. Sur le loch Ba, marquant la première partie, la hauteur de l’eau peut ouvrir de nouveaux passages dans la lande, canaux menant généralement à des impasses et forçant éventuellement à d’innombrables portages sur un sol gorgé d’eau et incroyablement mou ! Pour pimenter le tout, l’eau du lac est ici aussi très sombre, ce qui empêche de voir les rochers à fleur d’eau. Détail insignifiant lorsqu’on voyage dans un canot en plastique, mais beaucoup plus gênant avec des canots en bois, magnifiques mais incontestablement plus fragiles.

Les préparatifs pour cette randonnée de 15 km sont donc réalisés avec la plus grande rigueur. La décision est prise de tenter le tout en un seul jour, mais à cause de divers risques, il vaut mieux prévoir le matériel nécessaire en cas de bivouac forcé. « Il n’y a pas de mauvaise météo, il n’y a que du mauvais équipement », nous rappelle notre guide. Mais passer la nuit sur une éponge ne tente personne.

Déterminés, nous nous lançons dans ce trip tant attendu sur Rannoch Moor. Les quatre premiers kilomètres se pagaient sur le miroir d’un lac anthracite. Le ciel est bas, mais la bonne visibilité nous permet de prendre un maximum de repères pour ne pas manquer une première bifurcation très discrète menant à l’exutoire. Sur le terrain, on comprend mieux les risques de se perdre dans un mauvais bras. Mais un coup d’œil régulier sur la boussole et la carte nous empêchera de tomber dans le panneau. Au détour d’un îlot, le lac semble trouver la pente, accélère doucement et se transforme en rivière. Ici, la sauvagerie du paysage et la sensation de liberté sont à leur comble ! Un coup d’œil à 360° : on est seul au monde. On a le sentiment de toucher à une accoutumance qui sera difficile à gérer par la suite : l’appel de la nature, la vraie, là où l’homme est seul avec l’eau, le vent, la pluie.

Il faut maintenant se concentrer sur la rivière dont on ne sait pas grand-chose. L’objectif : ne pas briser les embarcations, car avec le début de la rivière, on atteint le point de non-retour. La rivière ne fait que 2 km, mais ici encore, le lit est tenté de se diviser en de multiples petits bras peu profonds avant de changer d’avis et de se déverser finalement dans le loch Laidon.

Il ne reste plus qu’à pagayer tout droit sur 8 km en priant pour que le vent ne se lève pas. Nous n’aurons pas cette infortune, et c’est la tête dans les étoiles, conscients d’avoir expérimenté quelque chose de nouveau, que nous finissons cette traversée.

Le dépaysement continue dans la petite gare de Rannoch, où nous attend sagement le 4X4. Au bord du stationnement, un panneau : « Bienvenue à Perth et Kinross, le cœur de l’Écosse. » Bienvenue dans un espace de liberté pour ceux qui n’ont pas peur de se mouiller.
 

Repères
❱ Les meilleures saisons pour pagayer en Écosse sont le printemps (mars
à mai) et l’automne (septembre à novembre). Notez que l’automne écossais offre de magnifiques paysages et une faune très riche.
❱ Pour savoir où pagayer, consultez avant de partir les sites
www.paddlepoints.net et www.canoescotland.org.
❱ Le forum anglais The Song of the Paddle (www.thesongofthepaddle.com) est un outil précieux pour les topos et les infos.
❱ Ian Purkis, notre guide, est une expérience à lui tout seul : www.seedawood.co.uk
❱ Réglementation et accès : www.outdooraccess-scotland.com