Destinations
Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
Le plus grand des grands portages
Nous avons rarement été aussi heureux que lorsque nous avons aperçu Grand Portage, au fond de la baie.
Ville de quelques centaines d’habitants, Grand Portage était pour nous la fin d’une importante étape. Après plus de 155 jours d’expédition, dont 30 sur les grands lacs, nous apercevions LE plus grand portage de notre périple, jusqu’à ce jour. Un long chemin évitant chutes et torrents sur une piste de 13,6 km.
Remplis d’une joie débordante, nous mettions derrière nous l’infini bleu et nous avancions vers l’océan vert. Sous la pluie ininterrompue, nous portagions sur ce long chemin sinueux, marécageux et infesté de moustiques.
Chaque mètre nous plongeait plus profondément au cœur de la forêt. Des dizaines d’oiseaux chantaient autour de nous. Il n’y avait plus le fracas des vagues sur les falaises rocheuses, il n’y avait plus ce froid prenant qui nous entourait, ni ce vent qui nous fouettait le visage. Ce qu’il y avait plutôt, c'était des anges à plumes qui chantaient pour nous et qui nous laissaient, pas à pas, parcourir cet océan de rêves.
Nous avions d’abord l’impression de laisser un paradis pour en découvrir un autre, mais la réalité a eu tôt fait de nous ramener les deux pieds sur terre, ou devrais-je dire dans la boue, l’eau et les nuages pestilentiels de mouches, moustiques, brûlots et autres oiseaux dardés. Je laissais derrière moi le calme et j'avançais vers le tumulte d’une destination incertaine.
La fatigue me tenaillait, mais j’avais l’œil humecté de bonheur. Nous avions réussi. Nous avions franchi les Grands Lacs avec leurs surprises et leurs cachettes. Nous avions vécu chaque moment, dotés d’une conscience qui nous poussait toujours vers l’avant ou qui nous clouait au sol.
En regardant droit devant, j’ai vu une pancarte où il était écrit : Pigeon River, 4,5 miles. Je n’avais pas encore fait la moitié du chemin que déjà j’étais exténué. J’ai soufflé, remis mon canot et mes quelques 80 livres de matériel sur mon dos – environ 130 livres au total – et mon ombre s’est perdue dans la jungle minnesotienne.