Mon chemin de l’or bleu

Mon expédition s’est terminée le 23 juin dernier, à plus de 4 mois de l’objectif final, Inuvik. Cela faisait déjà plus de cinq semaines que je souffrais constamment d’une blessure au dos.

En quittant mon équipe et mon canot le 1er Juin, je n’avais qu’une seule idée en tête: retourner là-bas et réaliser mon rêve. Si tout se passait comme prévu, je devrais revenir en ville, guérir ma blessure et reprendre l'expédition le plus vite possible.

Mon chemin a pris une toute autre direction. J’ai dû faire appel à une équipe de spécialistes en physiothérapie et en ostéopathie, qui ont su traiter ma blessure. Seulement voilà, ils ont aussi affirmé que mon dos pourrait avoir d’autres problèmes en expédition, et que je devais être vigilante.

C’est à ce moment que les doutes ont commencé à germer dans mon esprit. Je devrais prendre une décision difficile dans les prochains jours. Serais-je capable de retourner dans mon canot avec la constante crainte de me blesser une seconde fois au dos, et ainsi mettre l’expédition en péril? Et si, par ma faute, l’équipe ne pouvait se rendre jusqu’à Inuvik?

Ou alors, suis-je assez forte pour me retirer de l’expédition et voir l’équipe finir sans moi? Et suis-je à l’aise avec l'idée que mon rêve soit terminé, et que je doive passer à autre chose?

Bref, toute une tempête dans ma tête, et beaucoup d’émotions à gérer.

Mon expédition s’est donc finalement arrêtée après que j'aie choisi de ne pas rejoindre mon équipe et ainsi lui donner la meilleure des chances de mener à terme ce périple.

J’ai aussi pris cette décision pour ne pas risquer de m'infliger une blessure permanente au dos, et pouvoir ainsi entreprendre d’autres expéditions dans ma vie. Je suis convaincue que ce n’est pas terminé.

D’un autre point de vue, j'avais entrepris cette aventure extraordinaire afin de pouvoir travailler sur moi-même, grandir et prendre de la maturité pour être capable de survivre à n’importe quelle épreuve, tout en me donnant confiance à moi-même. Je ne me rendrai pas à Inuvik en canot, mais je considère tout de même que j’ai réussi.

Car pour la première fois de ma vie, j'ai été capable de prendre une décision qui va me changer pour toujours, mais aussi de l’assumer et d'y survivre.

Je réalise enfin que je dispose maintenant des outils dont j'ai besoin pour aller plus loin. Je dois tout ça aux 40 magnifiques jours que j’ai passés et aux 1000 km que j'ai pagayés avec ces 5 personnes incroyables.

C’est la décision la plus déchirante que j’ai dû prendre de ma vie, mais aussi la plus enrichissante. Je suis fière de mon parcours et de mon choix, même si les prochains mois seront difficiles pour moi.

Je devrai vivre avec tout ça, mais je peux maintenant dire que la chose qui me tient encore en un seul morceau, c'est de savoir que ‘‘Val, Marty, Belair, Shawi et Juju’’ sont là, quelque part sur une rivière, et qu’ils sont heureux, qu’ils vont finir la traversée du Canada en canot.

Je serai là pour eux et pour moi, à leur retour d’Inuvik.