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Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
Renaissance d’un sentier presque oublié
Le sentier Ouiatchouan avait pratiquement disparu des cartes, et voilà qu’il renaît vingt ans plus tard grâce à une mobilisation du milieu. La version 2.0 sera-t-elle la bonne ?
Dans les années 1990, les subventions du gouvernement du Québec pleuvent dans les petites municipalités afin de créer des sentiers en forêt. C’est l’époque du programme de mise en valeur des milieux forestiers. À la grandeur de la province, des travailleurs forestiers défrichent des sentiers à la vitesse grand V. Dans la foulée, voit le jour le sentier Ouiatchouan, dans la région du Lac-Saint-Jean.
Cette piste de 30 km, qui longe sur l’ensemble de son parcours la rivière Ouiatchouan, un affluent du lac Saint-Jean, regorge de potentiel. Elle circule dans une nature préservée où pousse une forêt mixte, plutôt rare dans les parages, mène à la contemplation de 14 rapides et chutes, et relie 2 attraits touristiques majeurs : le village historique de Val-Jalbert et l’Ermitage Saint-Antoine de Lac-Bouchette. En prime, son terrain accidenté représente un défi plus que bienvenu dans une région sans grand dénivelé.
Malgré ses atouts, le sentier, qui devait contribuer à redynamiser les trois communautés dévitalisées qu’il traverse, soit Chambord, Saint-François-de-Sales et Lac-Bouchette, ne connaît pas le succès espéré. Son isolement, avec des accès seulement à ses extrémités, rebute les randonneurs à une époque où la longue rando n’a pas la cote en terre québécoise. Le manque de promotion le laisse dans l’ombre, et le financement ne suffit pas à son entretien. Les bénévoles s’épuisent à la tâche.
Résultat : le sentier Ouiatchouan tombe dans l’oubli après quelques années d’existence. La nature reprend ses droits et referme le sentier. Il ne sera plus accessible pendant des années. On perdra même la trace d’un des trois refuges construits à l’origine pour accommoder les randonneurs.
Mais un petit groupe de locaux refuse d’abandonner ce sentier, convaincu qu’il ne mérite pas une vie si brève. « Nous ne pouvions pas laisser tomber le seul sentier de longue randonnée au Lac-Saint-Jean. En plus, la conjoncture n’a jamais été aussi favorable. La rando n’a jamais été aussi populaire », affirme Lise Gagnon, enseignante à la retraite et présidente du conseil d’administration de la Corporation de gestion du sentier pédestre Ouiatchouan, organisme sans but lucratif qui veille au destin de cette piste située dans la MRC du Domaine-du-Roy.
Après des années de démarchage, de corvée de bénévoles et de demandes de financement, le sentier Ouiatchouan a rouvert à l’été 2021 son corridor de marche, dans son entièreté. La tâche n’a pas été facile. Cette infrastructure touristique avait déjà coûté 300 000 $ d’argent public. Il a fallu investir 200 000 $ de plus pour rouvrir le sentier.
Est-ce que cette nouvelle mouture du sentier est la bonne ? Oui, assurent Lise Gagnon ainsi qu’Alexandre Danieli, vice-président de la Corporation et conseiller en développement touristique au Centre local de développement Domaine-du-Roy (CLD). « Le nouveau plan d’affaires est plus solide, et nous avons maintenant l’appui financier de l’Ermitage Saint-Antoine et du Village historique de Val-Jalbert. Les municipalités sont aussi mobilisées. Tout est fait dans le but de pérenniser le sentier », soutient Alexandre Danieli.
Il reste encore beaucoup à réaliser pour que le sentier atteigne son plein potentiel. En 2022, la Corporation balisera le parcours et procédera à quelques réparations de ponceaux. « Nous voulons aussi redonner de l’amour aux refuges et remettre en bon état les toilettes sèches », ajoute le conseiller. Un des refuges d’origine, qui se situe à 5 km de Val-Jalbert, a été retapé cet automne. Les deux autres, à mi-chemin, devront être rénovés afin d’en faire profiter les randonneurs, selon une formule à déterminer. Ils servent actuellement d’abris d’urgence. Les promoteurs ont aussi d’autres projets en tête, comme la création de nouvelles percées visuelles et l’ajout de plateformes de camping, ce qui faciliterait le séjour sur ce terrain accidenté.
Reste également à trouver du financement à long terme dans le but d’assurer la survie du sentier. Si les randonneurs sont au rendez-vous, ce que laisse présager l’engouement pour le plein air depuis la pandémie, parions que l’affaire sera dans le sac. À vous, bipèdes, de le marcher.
« Et vous n’avez pas fini d’en entendre parler, car la MRC veut créer un parc régional, qui englobera, sous l’appellation de “parc de la Couronne”, le sentier Ouiatchouan, le centre de vélo de montagne Saint-Félicien (Club Tobo-Ski) et le sentier de la montagne à Ouellet, dans la municipalité de La Doré », dit avec confiance Alexandre Danieli. Ça bouge au pays des Bleuets !
Un sentier, deux sections
Ce sentier linéaire se divise en deux sections. D’abord, le sentier du Draveur relie Val-Jalbert et Saint-François-de-Sales sur 20 km. C’est la portion la plus spectaculaire, avec plusieurs chutes et rapides à contempler, dont la chute Maligne, de 49 m de hauteur. Puis le sentier du Portageur unit Saint-François-de-Sales à Lac-Bouchette sur 12 km. C’est un secteur peu accidenté, longeant une portion plus tranquille de la rivière. Pour des questions d’assurances, il n’est pas question d’ouvrir le sentier en hiver.
Tarification
L’accès quotidien au sentier coûte une dizaine de dollars (achat en ligne uniquement). Ces revenus servent à l’entretien des lieux. Plusieurs services de navette sont fournis à la demande (voir site Internet du sentier).
En bref
Le sentier Ouiatchouan, faisant 30 km, est le seul circuit de longue randonnée au Lac-Saint-Jean.
ATTRAIT MAJEUR
Faire communion avec la rivière Ouiatchouan, dont le parcours est passablement accidenté.
COUP DE CŒUR
Le point de vue sur la chute Maligne, haute de 49 m.