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Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
Road trip sur la 101
Avec son lac d’une profondeur abyssale, son plan d’eau labyrinthique et ses sentiers de randonnée tout en pins géants, mousses et lichens, la partie ouest de l’Abitibi-Témiscamingue s’avère une mine d’or pour le plein air. Découverte de cette pépite en voguant sur la route provinciale 101, de la ville de Témiscaming jusqu’au village de Roquemaure.
Le Témiscamingue ? Même chez les Québécois pure laine, cette région n’évoque pas grand-chose. On peine à la situer sur une carte. Pourtant, depuis des décennies, des hordes de pêcheurs ontariens et américains se rendent dans les pourvoiries en vue d’y taquiner la truite, le brochet et le doré.
L’ouverture officielle du parc national d’Opémican en 2019, dernier-né du réseau de la Sépaq, devrait enfin jeter un peu de lumière sur cette région limitrophe de l’Ontario, faiblement peuplée, dont la localisation se situe à cheval entre la forêt de feuillus typique du Québec méridional et la forêt boréale.
À 15 km au nord de la ville de Témiscaming, par la route 101, se trouve la pointe d’Opémican, un site historique situé sur les rives du lac Témiscamingue. À la fin du XIXe siècle jusqu’au début du XXe, Opémican était une plaque tournante du flottage du bois sur la rivière des Outaouais, dont le lac Témiscamingue est un élargissement.
On redécouvre ce passé industriel à travers des bâtiments patrimoniaux restaurés, de courts sentiers pédestres et une piste cyclable de 3 km de long. Interprétation historique, coups de pagaie sur les eaux du Témiscamingue, qui sert de frontière entre le Québec et l’Ontario, et baignade permettent d’apprécier les lieux en long et en large. Un parc qui allie avec succès héritage historique et nature reposante. On y campe au cœur d’une spectaculaire pinède mature.
Après cette immersion dans l’histoire, nous poursuivons notre road trip sur la route 101 en nous rendant jusqu’au secteur de la Rivière-Kipawa du parc national d’Opémican, où la rivière du même nom déboule de 90 m sur 16 km en direction du lac Témiscamingue. Un sentier mène à la spectaculaire Grande Chute, où le cours d’eau tombe droit de 19 m de hauteur, créant un bruit du tonnerre et générant des panaches de gouttelettes en apesanteur. Spectaculaire.
Dans les derniers 500 m de la rivière, avant son embouchure dans le lac Témiscamingue, se trouvent les rapides Hollywood, en référence aux scènes de films qui y ont été tournés par Paramount Pictures dans les années 1920. Chaque printemps depuis trois décennies, des amateurs d’eau vive les affrontent, non sans peine, dans le cadre du Festival de la rivière Kipawa. Paraît-il, disent les vétérans, qu’on ne s’en sort pas indemne… Les chavirements sont presque inévitables en rafting.
Sur les rives du lac Témiscamingue, des sentiers frôlent ou surplombent les gigantesques falaises du lac, qui atteignent jusqu’à 70 m de hauteur. Des hébergements de type prêt-à-camper servent de nid d’aigle aux visiteurs n’ayant pas le vertige.
Mais mon coup de cœur du parc national d’Opémican va certainement au lac Kipawa, , de l’autre côté de la route 101. Ce plan d’eau labyrinthique se découvre à la manière des coureurs des bois, en mode canot-camping. Si, dans le hameau de Laniel, quelques chalets occupent les rives de ce lac-réservoir, il en va autrement dès que nous pagayons en direction sud. Tranquillement, les rives se nettoient de la présence humaine.
Avec Exode bâtisseur d’aventures, nous sommes partis en miniexpé, avec nuitée en camping, en partance de la baie Dorval jusqu’au secteur de l’Île-aux-Fraises. Mon seul regret : n’y avoir consacré que deux jours. Quel bonheur de cheminer à l’ombre de pins géants et de flirter avec les imposantes parois rocheuses des îles et du rivage. Leur attrait était trop fort. Nous les avons grimpées afin de plonger dans les eaux limpides et fraîches (sans l’être trop) du Kipawa, bravant les interdits de nos mères (où étaient-elles d’ailleurs pour nous surveiller ?). J’y ai découvert une nouvelle passion : le saut de falaise.
La sortie en canot au soleil couchant restera longtemps gravée dans ma mémoire. Le lac Kipawa est réputé pour ses eaux poissonneuses, mais la pêche a pris le bord, faute de temps. Ce n’est que partie remise. Troquant la pagaie contre le volant, nous reprenons la 101, traversant Laniel, Fabre, Ville-Marie, Notre-Dame-du-Nord et la réserve indienne Timiskaming. Défile sous nos yeux le Témiscamingue dans toute sa splendeur. Un mélange de villages pittoresques, de champs agricoles et de forêts.
Puis la route 101 nous mène à Rouyn-Noranda, vaste localité qui englobe désormais les hameaux allant de la frontière ontarienne jusqu’à Cadillac, en direction de Val-d’Or. Nous sommes désormais en Abitibi, pays célèbre pour ses richesses minérales, ses vastes forêts profondes et ses lacs argileux.
Nous arrêtons dans le quartier Montbeillard en vue d’explorer les sentiers pédestres d’Opasatica, qui domine le lac du même nom. L’histoire de ce réseau pédestre détonne. Il a été créé par un seul homme : José Mediavilla, un Espagnol ayant fui la dictature de Franco à la fin des années 1960 dans le but de s’établir en Abitibi à titre de professeur de physique. Par pur altruisme, il a défriché les sentiers à l’aide d’une « scie-samouraï », comme il la désigne, car elle provient du Japon. « Je voyais cette montagne de mon chalet et je voulais découvrir sa forêt et ses promontoires », me raconte-t-il, alors qu’il nous a donné rendez-vous à la porte d’entrée de son terrain de jeu.
L’homme, désormais à la retraite, a commencé ce travail il y a un quart de siècle. Aujourd’hui, une douzaine de kilomètres parcourent une crête rocheuse sur une langue de terre qui s’enfonce dans le lac Opasatica. Les sentiers sont impeccables. Merci à José, qui continue à les entretenir sans relâche. En piste, c’est l’avalanche de points de vue sur l’immensité abitibienne et les monts Chaudron et Kanasuta à l’horizon.
Dans la dernière portion du réseau, nous pénétrons dans un écosystème forestier exceptionnel, celui de la Baie-à-Beaupré, un milieu naturel non perturbé par l’homme depuis plus de 260 ans. La forêt pousse sur un sol mince affleurant le roc, où thuyas d’Occident et imposants pins gris arrivent à prendre racine. Respect pour ces monuments de la nature. De là-haut, nous contemplons à loisir le lac Opasatica, de 33 km de longueur. Son eau fraîche nous attire. Sur une plage accessible par un sentier secondaire, nous parvenons à une plage constituée d’immenses blocs de roc lissés par les vagues. Parfait pour une baignade suivie d’une pause sommeil bien méritée.
On the road again, cette fois en direction du mont Lion, jumeau du mont Kanasuta, les deux frères étant séparés par une crevasse, comme si un géant y avait creusé un nid. Nous sommes ici sur la ligne de partage des eaux : au nord, l’eau s’écoule vers la baie James, au sud, vers le Saint-Laurent par la rivière des Outaouais. Joseph Jacob, un Parisien d’origine, a tracé un réseau de pistes, baptisé la Yol, rendant accessible ce relief aux parois escarpées.
Dès les premiers mètres, nous constatons que les pistes souffrent d’un manque d’entretien flagrant, Joseph Jacob n’habitant plus la région depuis belle lurette. Des fougères envahissent le sentier et des troncs d’arbres morts ralentissent notre progression. Toutefois, pas question de rebrousser chemin. En hommage au caractère défricheur des Abitibiens, nous poursuivons la randonnée, en suivant un balisage encore très visible. Et nous ne l’avons pas regretté.
Le sentier circule à travers un éboulis, au lieu-dit de la bataille des chamans, selon une légende algonquienne. Nous sautons de pierre en pierre, au pied d’une immense muraille de roc. Même si ce n’est pas facile de jouer à l’équilibriste sur les pierres vacillantes, nous éprouvons beaucoup de plaisir dans cette portion. Puis une piste nous mène au sommet du mont Lion, où s’enfilent les points de vue. Avec un peu d’amour, la Yol pourrait redevenir un incontournable de la rando.
Par manque de temps, nous esquivons la Transkékéko, qui part du secteur Arntfield de Rouyn-Noranda, bien que cette piste linéaire de 15,5 km demeure un classique dans la région, en vue d’arpenter un secteur que nous n’avions jamais foulé : les collines d’Hébécourt, qui se situent dans la Forêt d’enseignement et de recherche du lac Duparquet, où les universitaires étudient des techniques d’aménagement forestier qui respectent les écosystèmes.
Surtout fréquentés par les étudiants, les sentiers des collines d’Hébécourt se démarquent par leur rusticité. Visiblement, l’université ne fait pas vraiment d’effort pour les garder en vie, la nature reprenant tranquillement ses droits. Qu’à cela ne tienne, ils font le bonheur des arpenteurs de nature. À éviter si vous craignez les détours imprévus dans les pinèdes, à la recherche de la balise cachée.
À l’instar des autres sommets abitibiens, les collines d’Hébécourt offrent une multitude de points de vue, sans avoir à grimper des centaines et des centaines de mètres, le relief dépassant rarement les 500 m d’altitude. On se délecte de panoramas sans se tuer à l’ouvrage. Sur les collines, le lichen se fait omniprésent, tapissant le sol. Pour le plus grand bonheur des caribous forestiers !
Notre road trip sur la route 101 se termine au marais Antoine, situé dans la localité de Roquemaure, un immense milieu humide de 284 hectares qui se contemple à partir d’un promontoire naturel sis sur un cap rocheux et d’une passerelle de bois. Ce marais, créé par une digue, sert maintenant de pouponnière à poissons pour le lac Abitibi, où ses eaux calmes se déversent. Apportez vos jumelles : plus de 143 espèces d’oiseaux y ont été observées. Le paradis serait de s’y balader en canot à la brunante, ce que nous n’avions pas prévu. Un aventurier averti en vaut deux.
Du nouveau en 2020
Le parc national d’Opémican poursuit son développement. Cet été, les visiteurs profiteront de deux nouveaux sentiers, totalisant 7 km, dans le secteur de la Pointe-Opémican. De plus, le parc met de l’avant un nouveau produit : du vélo-canot, combinant sortie en canot avec retour vers le point de départ en vélo de montagne.

Le sentier La YOL
EN BREF
Découvrir l’ouest de l’Abitibi-Témiscamingue par la route 101, de Témiscaming à Roquemaure, sur 300 km.
ATTRAIT MAJEUR
La combinaison canot, rando et grands espaces.
COUP DE CŒUR
Les plongeons à partir des falaises du lac Kipawa !
Les bonnes adresses
Vous trouverez de l’information sur les sentiers Opasatica, de la Yol, d’Hébécourt et sur le marais Antoine dans le site accespleinair.org, développé par Tourisme Abitibi-Témiscamingue.
Parc national d’Opémican : sepaq.com/pq/ope
Exode bâtisseur d’aventures (expériences sur mesure) : exode.ca