Sur la piste de l’envahisseur
Une courte sortie en kayak lève le voile sur une petite rivière qui a eu une grande importance dans l’histoire du Québec. Suivez le courant pour en savoir plus.
En 1775, les Américains veulent chasser définitivement les Anglais de l’Amérique du Nord en envahissant la Province of Quebec, comme on l’appelait à l’époque, et espèrent le soutien de la population locale. Deux armées se mettent en route, dont celle de Benedict Arnold qui passe par le Maine et la rivière Chaudière pour se rendre aux portes de Québec. Un plan audacieux qui virera cependant au cauchemar : les soldats de Benedict Arnold termineront leur voyage affaiblis et affamés par ce long périple.
Cette campagne militaire a laissé peu de traces au Québec, sauf peut-être l’appellation de la rivière Arnold, un cours d’eau de 25 km qui coule du mont Gosford avant de se jeter dans le lac Mégantic à travers un delta formant l’imposant marais du lac Mégantic, le plus grand milieu humide de l’Estrie et du bassin versant de la rivière Chaudière. Quoi de mieux que d’aller découvrir cet écosystème exceptionnel en suivant les traces de cet envahisseur dont l’armée aurait traversé ce plan d’eau.
Félix Guèvremont, propriétaire de Solstice Plein Air, un pourvoyeur d’aventures basé à Piopolis, ainsi que sa conjointe, Maïté Galipeau-Théberge, m’accompagnent sur la rivière Arnold par une fin d’après-midi de juin. Nous mettons nos kayaks à l’eau au rang Clinton, à Saint-Augustin-de-Woburn. La rivière traverse d’abord une zone agricole, puis termine sa course dans le marais du lac Mégantic, qui couvre une superficie d’une dizaine de kilomètres carrés.
Ce milieu humide constitue l’usine de filtration du lac Mégantic. Sa végétation filtre les sédiments et les polluants en suspension. C’est aussi un lieu de fraie pour divers poissons et une halte pour la sauvagine en période de migration. Pour cette raison, une partie se situe en zone protégée, où les embarcations à moteur sont bannies. Les pagayeurs, tout comme la faune, y évoluent en toute tranquillité.
La rivière se déverse le lac des Joncs, envahi de plantes aquatiques et de plages sablonneuses, avant d’aboutir dans le lac Mégantic. À l’horizon, le mont Gosford et les montagnes frontalières nous en mettent plein la vue. Au coucher de soleil, nous pagayons au large sur le lac Mégantic, vers Piopolis, notre port d’attache. Nous accostons puis hissons nos esquifs vers les terres de Solstice Plein Air, satisfaits de ne pas avoir à pagayer jusqu’à Québec pour livrer bataille !
Solstice Plein Air loue des kayaks, canots et planches à pagaie, en plus d’offrir le transport vers le rang Clinton. L’excursion s’effectue ensuite en autonomie. Comptez trois bonnes heures ou beaucoup plus si vous pensez faire une saucette sur la plage du lac des Joncs.
En bref
Du kayak en milieu humide protégé.
ATTRAIT MAJEUR
Eau, quiétude, nature.
COUP DE CŒUR
Le sympathique propriétaire de Solstice Plein Air, Félix Guèvremont, aussi kinésiologue, massothérapeute et triathlète.