Améliorer sa glisse: farts en thèmes

Types, composants chimiques, interaction entre la neige et la base du ski, recettes secrètes des fabricants… Le sujet des farts pour le ski de fond semble inépuisable. Voici quelques notions de base pour mieux comprendre ce qu’on applique sous ses skis. Et pourquoi ça aide à aller plus loin et plus vite!

Glissez… poussez!
Les amateurs de ski de fond ne seront pas surpris d’apprendre qu’il existe deux catégories de farts. Tout d’abord, les farts de glisse, aussi appelés gliders, qui, on s’en doute, servent à favoriser la glisse du ski sur la neige. Grâce à leur composition chimique, ils sont conçus pour réduire les frottements entre la neige et la base du ski. Ils doivent aussi favoriser la création d’un film d’eau sur lequel le ski glisse et, du coup, empêcher l’effet de succion que peut créer ce film avec la base. Ces farts de glisse sont vendus sous forme de blocs de cire dure et non collante, qu’on peut faire fondre à l’aide d’un fer à farter.
 
La seconde catégorie de farts est celle dite «de poussée», qu’on appelle aussi farts de retenue ou poussettes. Placé sur la zone de poussée (aussi appelée pochette), située sous la fixation, le rôle de ce type de fart est de mordre la neige dans la phase de poussée et de permettre la propulsion vers l’avant. Ils sont plus mous que les farts de glisse et sont vendus en petits contenants cylindriques, prêts à être crayonnés sur la base du ski. Pour des conditions de neige très chaude et humide (au printemps, par exemple), un fart de poussée spécifique peut être utilisé, soit le bien connu et mal aimé klister. Mal aimé en raison de sa texture proche de la colle (il est d’ailleurs conditionné en tube) et de sa tendance à «gommer» tout ce qui s’en approche! Mais quand il est difficile de résister à une belle journée de printemps ensoleillée où le thermomètre monte allègrement au-dessus de 0 °C, les conditions sont idéales pour que le klister fasse des miracles!
 
Pour les néophytes, précisons que le fart de glisse peut être utilisé autant pour le  ski classique que pour le pas de patin (car, dans les deux cas, on doit glisser!), alors que le fart de poussée (et le klister) ne sert que dans le ski de fond classique.



Donne-moi ta recette!
Difficile, sinon impossible, de dresser la liste des ingrédients qui composent les farts. Les fabricants sont pour la plupart muets à ce sujet, évoquant le principe du secret industriel. Quand on sait que le fartage est un élément essentiel du succès dans les compétitions, et que celles-ci se gagnent parfois par des centièmes de seconde, on peut comprendre un tel mystère. On peut aussi suspecter qu’en cette période de prise de conscience environnementale, les fabricants hésitent à publiciser l’usage de molécules plus en lien avec l’industrie pétrochimique qu’avec l’écologie!
 
On sait tout de même qu’ils sont principalement composés de cires et de paraffines issues de dérivés de produits pétroliers. Plusieurs autres ingrédients y seraient ajoutés pour les rendre plus ou moins durs et faire varier leur point de fusion. Sans parler de certains additifs conçus pour optimiser la glisse ou l’adhésion à la neige. On peut citer le graphite, qui éliminerait la statique sous la base par temps froid et sec, et le molybdène, efficace sur des neiges sales et abrasives. Mais le plus connu d’entre tous est sans contredit le fluor, qui, grâce à ses propriétés hydrophobes, permet de mieux contrôler l’épaisseur du film d’eau sous le ski, surtout par temps très humide. Il est intéressant de noter que ce fluor est ajouté à la cire sous forme de polymère au doux nom de polytétrafluoroéthylène (PTFE), mieux connu sous le nom de téflon (comme dans votre poêle à frire). La quantité de fluor dans un fart va d’ailleurs en justifier le prix; les moins chers n’en contiennent pas ou très peu. Viennent ensuite les légèrement fluorés (LF), presque deux fois plus chers que les précédents. Les plus coûteux sont les hautement fluorés (HF) ou 100 % fluorés, destinés à la compétition, où il n’est pas rare de payer plus de 100 $ pour un petit 20 g de cire de glisse!
 
Ça ne me fait ni chaud ni froid…
Il existe deux façons d’appliquer du fart sous vos skis, soit la technique à chaud ou celle à froid. L’application à froid est la plus simple, car il s’agit de frotter le bâton de cire sur la base du ski et de bien l’étendre avec un liège. Cette façon de faire est la plus commune pour l’application des farts de poussée. On répète cette séquence quelques fois, selon la durée de la sortie prévue (ou selon la quantité de fart appliquée à chaque séquence).
 
L’application à chaud, quant à elle, est plus souvent utilisée pour le fart de glisse. Cette technique requiert l’utilisation d’un fer pour faire fondre la cire, l’étendre sur la base et la faire pénétrer. Un bon fer avec réglage de température est hautement recommandé pour l’application du fart à chaud, car celui-ci est très sensible à la surchauffe, perdant rapidement ses propriétés et pouvant même être toxique si de la fumée s’en dégage!
 
On gratte ensuite l’excédent de fart avec un grattoir en plexiglas et on brosse le tout pour obtenir une belle surface lisse et luisante. Cer­tains puristes préfèrent l’application à chaud, même pour le fart de poussée; il semblerait que ce procédé donne une meilleure tenue à la poussette et permettrait de plus longues sorties sans avoir à refaire d’application.
 
Des solutions pour vous faciliter la vie 
Pour rendre le fartage moins fastidieux ou moins long, les fabricants de farts proposent des solutions de rechange plus simples pour farter vos skis. Bien qu’étant reconnues pour être moins efficaces que les façons traditionnelles d’appliquer les farts, ces méthodes ont quand même le mérite de protéger vos bases.
 
En premier lieu, il existe toute une sélection de farts de glisse liquides qui s’appliquent en quelques secondes grâce à un applicateur en éponge; on applique, on laisse sécher une minute et on lisse avec un liège. C’est tout. 
Pour les farts de poussée, on peut toujours s’offrir des skis à écailles dans la zone de poussée, qui ne demandent pas d’application de poussette. Sinon, le fart de poussée en ruban (voir page 33) pourrait être une solution; l’application est un peu plus longue, mais moins fréquente.
 
Les klisters ne sont pas en reste puisqu’ils sont aussi offerts sous forme liquide avec applicateurs ou même en bombe aérosol! Si vous ne voulez rien savoir de farter vos skis vous-même, faites appliquer un fart de glisse de temps en temps par un technicien en boutique (pour une quinzaine de dollars) et choisissez un ski à écailles sans fartage dans la zone de poussée. Malheureusement, avec cette solution, vous vous privez du plaisir de farter vos skis, petit rituel propre aux maniaques du ski de fond!

Les principaux fabricants
Swix : de Norvège, compagnie la plus connue dans le domaine des farts.
Toko : cette entreprise suisse a été achetée par Swix en 2010.
Start : compagnie finlandaise de plus en plus présente au Québec.
Kuu: ce fabricant canadien, datant du milieu des années 1980, est le fournisseur officiel de l’Équipe canadienne de ski alpin.

Protection rapprochée
Peu importe la catégorie, le fart joue un autre rôle essentiel: celui de protéger la base de vos skis de l’abrasion. En effet, la base des skis modernes est faite d’une couche très mince de polyéthylène. Lorsque la base est noire, c’est qu’elle est mélangée à du graphite. Même s’il est très résistant, il faut protéger ce polyéthylène avec de la cire pour éviter qu’il ne s’use et ne s’oxyde (des traces blanches apparaissent alors), diminuant ainsi sa capacité à absorber le fart et, par le fait même, à glisser. Le fartage n’est donc pas qu’une question de performance.

Ça prend quoi pour farter?
La majorité des stations de ski de fond possède une salle de fartage pour y préparer vos skis. Ce sont des salles avec des tables et des supports qui prennent la forme d’un ski, et qui sont équipées de prises de courant. Vous aurez besoin d’avoir avec vous au moins les articles suivants, que vous transporterez dans un petit coffre à outils:
❱ 
une sélection de farts de glisse couvrant différentes températures de neige,  mais vous pouvez aussi faire dans la simplicité et ne posséder qu’un seul type, dit «universel», et qui couvrira toutes les conditions;
❱  une sélection de farts de poussée couvrant différentes températures de neige. Vous devriez en avoir au moins trois, soit une cire bleue, une rouge et une violette, qui couvriront toutes les conditions;
❱  un liège pour étendre votre fart de poussée;
❱  un klister universel(avec applicateur);
❱  un grattoir en plastique;
❱  un grattoir en plexiglas (pour gratter le fart de glisse);
une brosse de nylon (pour brosser le fart de glisse);
un défarteur;
un fer à farter électrique;
des chiffons de fibres synthétiques (type Fiberlene, de Swix);
des tampons abrasifs (type Fibertex, de Swix).

Avec cet ensemble, vous serez prêt à pratiquer toutes les techniques de base du fartage. Avec le temps, vous pourrez enrichir votre coffre à farter d’une gamme plus complète de farts, des différents types de brosses (crin de cheval, laiton), de papier sablé, d’un affûteur de grattoir, et plus encore.
Et si l’espace vous le permet, pourquoi pas une table à farter à la maison?

Le bon fart… au bon moment!
Choisir le bon fart dépend de trois facteurs principaux: la température extérieure, le taux d’humidité ainsi que le type de neige (fraîche, granuleuse, vieille neige, travaillée mécaniquement). Certains fabricants, comme Toko, priorisent la température de la neige, plus que la température extérieure. Mais pour la très grande majorité d’entre nous, la température extérieure est la seule variable à considérer. Plus la température extérieure est froide, plus le fart doit être dur, que ce soit pour le fart de glisse ou la poussette. À l’inverse, on optera pour des farts de plus en plus mous pour des températures de plus en plus élevées. On peut aussi noter que les farts fluorés favoriseront la glisse quand le taux d’humidité est élevé; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils ne sont pas recommandés pour les températures très froides, car le taux d’humidité y est généralement très bas.

Pour ne pas vous casser la tête, suivez les conseils prodigués dans les stations de ski; on y trouve toujours un tableau indiquant le fart du jour recommandé pour le matin ainsi que l’après-midi (et il y a toujours un thermomètre extérieur). Ces conseils sont basés sur le code de couleurs des farts de poussée de la compagnie Swix (la plus connue); par exemple, «blue extra» le matin, et «violet» l’après-midi. Un autre truc? Tous les sites Internet des fabricants proposent un outil de sélection des farts en fonction de tous les paramètres importants, incluant même votre calibre technique!