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Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
Les hautes technologies appliquées au ski de fond
Arrivée de nouveaux matériaux et de modes de production, recherche permanente de la performance, fartage simplifié… Tout cela aide les fabricants à innover ou à remettre au goût du jour d’anciennes techniques. Et tout cela est à l’avantage du fondeur, qui y trouvera son compte, même avec un petit budget. À l’instar de ce qui se passe dans d’autres domaines, les avancées faites dans le très haut de gamme se retrouvent tôt ou tard dans le matériel de base qui s’adresse à la masse des utilisateurs.
Première constatation: le roi carbone s’invite partout. On l’utilise d’abord pour la course à la légèreté; ensuite, pour conserver et même bonifier certaines propriétés mécaniques, comme la rigidité, même avec un produit vraiment plus léger. Le carbone a fait son apparition dans les bâtons – il est d’ailleurs resté confiné quelque temps dans ce rôle – mais il s’attaque désormais à toutes les pièces d’équipement (sauf les fixations qui font de la résistance, mais pas pour longtemps, on s’en doute!) et se «bat» sur tous les fronts: en feuilles tressées comme couche de renfort dans la structure du ski; sur les flancs des bottes pour la durabilité; dans les dragonnes pour la solidité; sous forme de graphite dans les semelles et les farts pour améliorer la glisse. Et la toute nouvelle tendance: sous forme de nanotubes, toujours dans les semelles et les farts, mais aussi dans les résines époxy pour solidifier. Cette liste n’est pas exhaustive… L’invasion du carbone s’explique par des prix plus abordables qu’au début de son utilisation. Si la matière de base est toujours relativement chère, les procédés d’assemblage et de fabrication des articles en carbone le sont nettement moins – délocalisation en Asie oblige. Cela permet de retrouver la fibre de carbone dans le moyen de gamme et même de la voir apparaître dans les gammes d’entrée, principalement dans les bâtons.
Au fait, ce carbone apporte-t-il vraiment un plus à la pratique du ski de fond? La réponse est oui. l’économie de poids, souvent substantielle grâce à l’utilisation de ce matériau, influe directement sur la performance; des skis plus légers sont plus faciles à manœuvrer, plus faciles à soulever, ce qui a un impact direct sur la dépense d’énergie. Encore plus évident pour les bâtons qu’on porte à bout de bras lors des sorties. Pas besoin d’être compétiteur pour apprécier un matériel léger: cette légèreté procure un confort incontestable, tout simplement parce que le kit est plus facile à traîner!
Mais ces économies de poids ne seraient pas rentables si elles se faisaient au détriment des propriétés mécaniques du matériel. Le carbone permet aussi, en orientant les fibres judicieusement, de proposer toute une palette de propriétés intéressantes, comme la rigidité et l’absorption des vibrations. On peut aussi mettre à son crédit sa capacité de conserver ses propriétés avec le temps. Un bel exemple est offert dans les bottes qui intègrent du carbone à leur composition. Plus légères, elles ne s’affaissent plus avec le temps et conservent leur efficacité plus longtemps. Même chose pour la cambrure des skis.
Rien de fixe dans les fixations
Pour ce qui est des standards de fixations, la dualité entre les systèmes NNN (New Nordic Norm) et SNS (Salomon Nordic System)est toujours bien présente – et les deux systèmes toujours incompatibles. Rappelons que le choix de la botte doit se faire en fonction du standard de la fixation. Les deux systèmes se partagent grosso modo le marché avec, semble-t-il, un léger avantage pour le NNN.
L’innovation la plus intéressante des dernières années est issue d’une collaboration entre Rossignol et le fabricant de fixations norvégien Rottefella. Il s’agit de la fixation NIS (Nordic Integrated System), compatible uniquement avec les bottes au standard NNN. L’idée est simple et intéressante: plutôt que de percer le ski pour y fixer la fixation, on y intègre une plaque sur laquelle la fixation est tout simplement «clipée». Le principal avantage est qu’on préserve ainsi l’intégrité du ski en évitant les trous qui pourraient nuire à ses propriétés mécaniques. La fixation NIS est aussi plus légère et rapproche le pied du centre du ski pour un meilleur contrôle. Plus qu’une mode, elle a été adoptée par plusieurs fabricants de skis, notamment Fisher et bien sûr Rossignol, qui offre désormais la majorité de ses fixations en système NIS.
Chez le compétiteur SNS (Salomon Nordic System), le système Pilot, autrefois réservé au pas de patin, est maintenant appliqué au style classique.
Ce système consiste à ajouter un deuxième lien (une plaque d’aluminium) entre le dessous de la botte et la fixation en plus de l’attache standard au devant de la botte. Une version offrant une plus grande amplitude de mouvement pour le ski classique, remplaçant la plaque en aluminium par une languette flexible en Kevlar (système Équipe Pilot Classique) a été développée mais semble avoir eu quelques difficultés à s’adapter au climat Nord Américain.
Qu’est-ce «ski» arrive?
Du côté des skis, on assiste depuis quelques années au retour des fameuses «écailles de poisson» ou techniquement parlant des «antireculs mécaniques». Les techniques de fabrication d’aujourd’hui permettent de les mouler ou de les tailler de façon très précise dans la zone de poussée. Par contre, comme les antireculs ne servent justement que dans la zone de poussée, le fart de glisse est toujours de mise sur le reste de la semelle.
L’innovation qui fait grand bruit en ce moment est toutefois la semelle dite «chimique» ou rubber base. Nouveauté? Pas vraiment, car comme pour les célèbres écailles de poisson, on reprend un principe expérimenté il y a plus de 20 ans. Et comme pour les écailles, c’est la zone de poussée qui est concernée, le but étant encore une fois de s’affranchir du vilain fart de poussée (principalement du klister) et de son application. Grâce notamment aux Jeux olympiques de Vancouver, où les conditions étaient parfaites pour leur utilisation, ces semelles ont retrouvé leur place dans le cœur des fabricants, ceux-ci ayant développé de nouveaux matériaux et procédés de fabrication qui laissent croire que le retour est permanent.
En quoi est-ce que ça consiste? Il s’agit d’intégrer à la zone de poussée un matériau aux propriétés mécaniques différentes du reste de la semelle. Au lieu d’être recouvert de fart de poussée, ce matériau est «travaillé» mécaniquement avec une meule ou un papier abrasif de façon à accrocher à la neige. Un enduit (silicone ou fluor) est tout de même nécessaire pour éviter que la neige colle à la semelle. Il faut noter en revanche que, si on évite le fart de poussée, un bon travail de préparation est toujours nécessaire. À cause de sa plage d’utilisation très restreinte (température entre 0º et 1º, neige fraîche), cette technologie restera probablement à diffusion tout aussi restreinte au Québec. Pour skieur averti, donc, qui possède déjà une ou deux paires de skis plus polyvalents.
Le gros bout du bâton
Pas de répit non plus du côté des bâtons. Tout d’abord, certains auront déjà noté que le prix des bâtons a sensiblement baissé au cours des dernières années. Non seulement sont-ils plus abordables, mais les technologies et les matériaux utilisés sont de plus en plus performants, permettant de combiner rigidité et légèreté. L’aluminium est toujours disponible, mais la fibre de carbone devient incontournable. Aujourd’hui, on peut choisir le pourcentage de fibre de carbone de ses bâtons en fonction du poids, de la rigidité et du prix qu’on veut y mettre. La structure interne des bâtons est beaucoup plus complexe que par le passé. Les techniques de fabrication font en sorte qu’un bâton comporte maintenant plusieurs couches de fibres, savamment orientées et pouvant alterner avec une couche d’un autre matériau complètement différent, en fonction du résultat recherché: fibre de verre ou de carbone, différentes résines et même du titane, comme dans le cas du bâton haut de gamme du fabricant One Way.
On commence aussi à jouer avec la forme du bâton. Le fabricant norvégien Swix offre un bâton de section triangulaire pour une meilleure distribution des contraintes (les forces exercées sur le bâton) et du poids. Voilà un autre avantage du carbone qui permet aux fabricants de s’affranchir des formes traditionnelles.
Fart, applique-toi!
En matière de farts, les fabricants sont plus discrets, chacun gardant sa formule magique. En gros, on joue constamment avec différents additifs pour augmenter les propriétés de glisse ou, pour les farts de poussée, d’adhésion à la neige. L’additif plus connu reste le fluor qui, autrefois réservé aux farts de glisse, se retrouve maintenant aussi dans les farts de poussée. Si le fluor est devenu trop banal pour vous, des compositions contenant du graphite, du molybdène et autres vanadium sont aussi disponibles, chacune ayant un avantage pour chaque condition particulière de neige. Toutes ces améliorations à la composition des farts auront un impact limité pour le fondeur récréatif, pour qui la performance n’est pas une fin en soi. Certes, ces nouvelles recettes pourront augmenter la distance parcourue pour chaque application, mais le choix et l’application du fart du jour sont toujours au menu, activité qui reste fastidieuse et même rédhibitoire pour plusieurs.
Bonne nouvelle cependant, les fabricants de farts et de skis travaillent chacun de son côté à nous simplifier la vie. Pour ce faire, le fabricant finlandais Start propose une ingénieuse solution: un fart qui s’applique comme du ruban gommé! Qui plus est, ce fart est utilisable pour toutes les conditions de neige, avec une large plage de températures allant de +5º à -20º. Il est annoncé très durable pour des distances allant jusqu’à 200 km en fonction des conditions de neige. Des produits pour des plages un peu plus spécifiques (de -1º à -20º) et offrant une meilleure performance commencent aussi à apparaître.
Un autre Finlandais, Peltonen, propose son principe Nanogrip, plus cher mais encore plus simple. Il s’agit d’une gamme de skis dont la semelle est entièrement recouverte d’un enduit. Celui-ci joue en même temps le rôle de fart universel de glisse et de poussée, et le fabricant garantit les performances pour au moins 2000 km! Encore peu connue, cette technologie pourrait avoir un bel avenir si elle sait tenir ses promesses.
Ensuite, pour ceux qui cherchent un compromis entre l’application traditionnelle du fart et les semelles sans fartage, il existe des produits applicables à froid. Dans une bouteille avec applicateur, des farts de glisse, de poussée, et même les mal-aimés klisters sont disponibles. Autrefois proposés en fart universel pour toute condition, les farts de glisse, de poussée et les klisters apparaissent de plus en plus en plages d’utilisation spécifiques, comme pour les farts à application classique. La plupart des fabricants spécialisés en proposent (le plus connu reste Swix).
Reste la magie!
Nous le voyons, le ski de fond évolue rapidement, à l’image des autres sports. Chaque nouvelle saison nous apporte maintenant son lot de solutions. Soyons émerveillés par ces innovations qui nous facilitent la vie et rendent notre sport plus accessible. Et au plaisir de les mettre à l’épreuve lors de nos prochaines randonnées de ski de fond!