Présenté par Tourisme Gaspésie
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Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

Duhamel : les deux pieds dans le plein air

  • Crédit Our American Dream

Si cette petite municipalité de l’Outaouais est si dynamique en matière de plein air, avec la randonnée pour point fort, c’est grâce à ses bénévoles et au soutien des élus et de la MRC de Papineau. Une étude de cas !

« Ne soyez pas surpris de croiser mon père lorsque vous vous aventurez sur la Route des Zingues. C’est sa deuxième maison », écrit Pascal Chartrand sur le compte Facebook du club Skira, l’un des plus anciens clubs de plein air au Québec, sis à Duhamel, au nord de la vallée de la rivière de la Petite Nation. Son père, Richard Chartrand, est, avec deux comparses, à l’origine de plusieurs sentiers qui font aujourd’hui la joie des marcheurs, raquetteurs et skieurs.

 

La Route des Zingues, considérée comme une section vedette du Sentier national, est de ceux-là. Elle a acquis ses lettres de noblesse notamment à la faveur du festival Randonner le Québec, organisé chaque automne à Duhamel avec le soutien de Rando Québec. Deux cents personnes, dont « 70 % viennent d’ailleurs », parcourent alors les sentiers de la municipalité, note Martine Caron, coordonnatrice du Carrefour duhamellois depuis 2012. L’ambiance de l’événement, avec son armée de bénévoles de même que ses élus et agents municipaux qui prêtent main-forte, prouve qu’il y a à Duhamel une belle cohésion sociale mise au service d’une offre conséquente en plein air.

 

 

Le village est gâté, ayant sur son territoire de 450 km2 le Centre touristique du Lac-Simon et la réserve faunique de Papineau-Labelle. « L’été, 4000 personnes par jour se rendent au Centre touristique, et le village est sur la route de l’entrée nord de la réserve », souligne Martine Caron.

Le Centre touristique dispose de 10 km de sentiers balisés pour la randonnée, la raquette et le ski de fond. La réserve faunique, à 16 km du village, possède quant à elle 60 km de sentiers de randonnée, une centaine de kilomètres de pistes balisées pour le ski nordique et de chouettes parcours de canot-camping.

À Duhamel même, on pratique le vélo sur l’emprise de la voie ferrée utilisée autrefois par une usine de machines à coudre Singer et qui court sur 8 km jusqu’au lac Gagnon. De là et jusqu’au lac Simon, le canot et la descente sur tubes sont à l’honneur.

 

Fait original : Duhamel a été la première municipalité du Québec à proposer du prêt de matériel de plein air gratuit (à l’usage des résidents et de leurs amis) ou à faible coût (à l’intention du grand public) : vélos, casques, bâtons de marche, dossards, tubes, masques et tubas, vestes de flottaison, raquettes, patins… Inévitable rançon du succès, le Carrefour duhamellois est bien occupé à gérer ce volet locatif, à organiser événements et activités d’interprétation de la nature, en outre de jouer son rôle de bureau touristique local.

 

Une MRC volontariste

 

Si le maire David Pharand est convaincu du bien-fondé de cette politique pro-plein air, la MRC Papineau n’est pas en reste. Depuis un an, elle travaille à changer son image de marque. Avec son nouveau slogan En Petite-Nation, revenez sur terre, elle vise à s’imposer comme destination de tourisme et plein air en considérant le visiteur comme un « citoyen d’honneur ».

 

« Le plein air est une priorité, précise Jessy Laflamme, agente de développement touristique. Nous sommes un pays petit mais qui recèle d’abondantes richesses naturelles et d’un bon potentiel de développement. » Elle cite à cet égard Duhamel comme pôle « très fort en plein air », les montagnes Noires à Ripon et trois établissements de plein air de la Sépaq – le parc national de Plaisance, la réserve faunique de Papineau-Labelle et le Centre touristique du Lac-Simon. « Notre rôle, ajoute-t-elle, est de promouvoir le territoire et d’accompagner, par appels de projets structurants, ceux qui veulent en présenter. » L’impulsion première, insiste-t-elle, doit cependant « venir de la base, du milieu, des municipalités ».

 

La « base » ? À Duhamel, où élus locaux, employés municipaux et bénévoles œuvrent de concert, elle est solide. « Dans les petits milieux comme le nôtre, l’action des bénévoles est primordiale, et chez nous, il y a un fort sentiment d’appartenance à la communauté, estime Martine Caron. Par exemple, ce sont les bénévoles qui entretiennent les sentiers pédestres, et sans eux, notre festival de randonnée de l’automne n’existerait sans doute pas. »

 

Un trio de bâtisseurs de sentiers

 

Le bénévolat ne date pas d’hier, à Duhamel, si l’on en juge par l’histoire de Richard Chartrand, vaillant pleinairiste de 72 ans. Celui-ci arpente toujours les sentiers de la région pour en assurer l’entretien. Mais qui, parmi ceux qui les foulent, connaît son histoire ?

 

Dans les années 1960, ce propriétaire de deux Dairy Queen à Montréal passait 90 % de son temps, hors de la saison de crème glacée, dans son chalet du lac Gagnon. Il se souvient avoir, en 1978, avec Max Bauchet, « commencé à tracer des pistes de ski, puis fondé le club Skira » voué au plein air hivernal. Le club gère toujours le ski de fond et la raquette à la journée dans la réserve faunique de Papineau-Labelle, qui totalise au-delà de 500 entrées par an.

 

Max Bauchet, ce n’est pas n’importe qui non plus. Arrivé au Québec dans les années 1950, ce Français est à l’origine du club Les Portageurs ainsi que le cofondateur de la Fédération québécoise de canot-camping. Et il a écrit une bible : Le manuel complet du canot-camping, publié chez Broquet.

 

Plus tard, Richard Chartrand et son voisin Gérard Bodard ont continué le travail d’entretien et de balisage de sentiers : « Nous voulions d’abord profiter du plein air en famille. » Le sentier du mont Devlin – l’un des plus beaux sentiers de la réserve –, la Route des Zingues et le Sentier iroquois, entre autres, portent la marque de leurs cisailles et de leurs scies… Les deux hommes ont aussi baptisé certains sommets, comme le mont Caroline (du prénom de la fille de Richard Chartrand) et le mont Julie (de celui de la fille de Gérard Bodard). Depuis, le premier a été renommé mont Weskarini et le second, mont Kajakokanak, mots algonquins.

 

Richard Chartrand a également été maire de Duhamel de 2005 à 2009. « Mon rêve, dit-il, était de relier nos sentiers au Sentier national et d’aller jusqu’à Labelle rejoindre le sentier L’Héritage », histoire de faire le lien entre Outaouais et Laurentides via le sentier du mont Resther.

 

Si ce rêve demeure inachevé, l’homologation, en 2011, de la Route des Zingues (7,9 km linéaires) et du Sentier iroquois comme sections du Sentier national est tout de même une formidable réussite. Le premier part du lac Gagnon, à environ 7 km du village, et aboutit au nord du lac Preston, où il faut faire demi-tour. Il offre un condensé de montagnes russes en forêt et plusieurs superbes points de vue en contrepartie d’un effort mesuré, vu les sommets peu élevés. Du mont Kajakokanak, à 310 m, on admire le lac Gagnon, ses îles et les montagnes alentour. En continuant à flanc de montagne, on traverse une pinède ancienne, on frôle des parois et on grimpe sur une crête. Les points de vue se succèdent ensuite, particulièrement au rocher de Sisyphe, puis on gagne le bord du lac Preston. Au retour, on a la possibilité d’emprunter un sentier conduisant au mont Weskarini.

 

Juste au sud de Duhamel, le Sentier iroquois (13,1 km) est un autre petit bijou. Il mène rapidement à de magnifiques chutes ayant servi à la drave, puis longe un ruisseau en forêt. On poursuit vers le nord en direction de Duhamel, mais auparavant, on a accès à une jolie boucle dotée de quelques belles pentes et qui fait le tour du lac de la Ferme. « Quand j’étais maire, souligne Richard Chartrand, j’ai vu tout le potentiel du sentier. Autorisations en poche, nous l’avons balisé et avons construit deux ponts grâce à des subventions, avant l’homologation du Sentier national. » Le belvédère des Chutes a été érigé. « La municipalité a payé le matériel, que les bénévoles ont porté à destination. »

 

La Route des Zingues a pour sa part « coûté zéro dollar, insiste-t-il, seulement de l’huile de bras, parce que notre philosophie était de limiter les interventions en milieu sauvage, d’éviter de bâtir de grosses infrastructures qui coûtent cher à entretenir ». À marcher sur ces sentiers au tracé minimaliste, qu’il a lui-même cartographiés, on constate que la philosophie a bien été respectée.

 

Le nom même de « Route des Zingues » a de quoi intriguer. « Nous cherchions un nom accrocheur évoquant les grandes routes du monde, comme la route des Indes », se rappelle Richard Chartrand. Un télescopage de « route des Indes » et « dingues », petits fous comme l’étaient ces coureurs des bois, a emporté l’adhésion. La Route des Zingues était née !

 

ENCADRÉ

EN BREF

La Route des Zingues et le Sentier iroquois, deux sections du Sentier national à Duhamel

ATTRAIT MAJEUR

Des sentiers naturels, aménagés au minimum

COUP DE CŒUR

La vue plongeante du sommet du mont Kajakokanak

municipalite.duhamel.qc.ca