La deuxième chance de l’asclépiade

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Ah non, pas un autre reportage sur l’asclépiade, cet isolant aussi miraculeux qu’absent des vêtements et accessoires de plein air ! Oui, mais non : lisez ce qui suit.

Elle devait mettre le Québec sur la carte des vêtements et accessoires de plein air haut de gamme. Une décennie après avoir été « redécouverte » en grande pompe, l’asclépiade se fait pourtant toujours assez discrète. Avec raison : les entreprises pionnières qui se sont lancés dans la filière naissante de la soie d’Amérique ont toutes frappé leur Waterloo.

C’est que malgré ses vertus isolantes et hydrofuges hors du commun, de même que sa légèreté et sa compressibilité, cette fibre naturelle pose de véritables défis à l’ensemble des acteurs qui s’y frottent. À commencer par les producteurs qui, aux quatre coins de la province, choisissent de cultiver le soyer d’Amérique. Ce n’est pas anodin : Asclepias syriaca est d’abord une plante indigène commune qui a la réputation de pousser comme du chiendent dans les champs. Une fausse perception, nuance d’emblée Marie-Noël Breton, coordonnatrice de la Coopérative Monark, premier regroupement de producteurs québécois d’asclépiades. « On pense qu’elle pousse seule, à l’état sauvage, comme par magie. Ce n’est toutefois pas le cas ; la rigueur est de mise », souligne cette productrice du Bas-Saint-Laurent.

L’asclépiade commune est en effet une plante peu compétitrice, c’est-à-dire qu’elle se fait facilement marcher sur les pieds par d’autres espèces plus gourmandes en éléments nutritifs. Et ce n’est pas tout ; l’agriculteur doit être patient avant d’en voir les précieux fruits en forme de gousses, lesquelles renferment des graines attachées à des soies duveteuses. « Trois ans sont nécessaires avant de pouvoir récolter la fibre d’asclépiade. Qui plus est, le rendement varie du tout au tout selon les années, en fonction des aléas météorologiques », explique-t-elle.

Au moment d’écrire ces lignes, à la fin de septembre, il était encore trop tôt pour statuer sur les rendements de 2023. La récolte de l’asclépiade battait son plein dans toute la vallée du Saint-Laurent. « De manière générale, la plante émerge en mai et fleurit en juillet », précise Marie-Noël Breton. Les fleurs rosacées regroupées en ombelles font alors le bonheur des monarques de passage (voir encadré). « Les follicules, qui sortent en août, sont prêts à être récoltés entre la mi-septembre et la mi-octobre, selon les régions », poursuit-elle.

Marie-Noël Breton