Les bienfaits du travail… par intervalles


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Fractionner son temps en position assise : une façon de rester en santé ?

De récentes études épidémiologiques démontrent que les Occidentaux passent environ 60 % de leur temps d’éveil (environ neuf heures par jour) de façon passive, en position assise.

La sédentarité affecte nos vies, et voici les quatre principaux « coupables » qui nous maintiennent sur notre arrière-train :
❱ La diminution des moyens de locomotion autonomes. Nous ne marchons plus vers le boulot ; nous y garons notre voiture le plus près possible et utilisons l’ascenseur. Nous ne jardinons plus, puisque nous avons accès au supermarché avec notre véhicule. Ultime
paradoxe, nous allons même au gym grâce à des moyens de locomotion motorisés.
❱ Les loisirs actifs sont moins présents dans nos vies ; la télévision, l’ordinateur et autres gadgets électroniques absorbent de très nombreuses heures de loisir.
❱ Les emplois eux-mêmes se sédentarisent, sont de plus en plus techniques ou cognitifs, et s’accomplissent derrière un pupitre.
❱ Les villes se sont polarisées, avec des secteurs commerciaux, récréatifs et résidentiels. On note de moins en moins de diversité dans un même quartier, et l’aménagement urbain oblige à circuler sur de plus grandes distances pour remplir ses obligations.

Même risque pour les gens actifs !
Cela semble évident a priori : la sédentarité accroît les risques de maladies cardiovasculaires ou métaboliques comme le diabète. Une nouvelle déconcertante, cependant : il semble que rester trop longtemps en position assise augmenterait aussi le risque de certains cancers (côlon, sein, endomètre, etc.), et ce, même chez les personnes dont le poids est normal ou qui effectuent 30 minutes d’activité physique chaque jour ! Une véritable chasse aux sorcières s’est amorcée contre la position assise, qu’on soit en excellente santé physique ou non.

Cette découverte surprenante favorise d’ailleurs l’apparition de nouveaux produits censés lutter contre cette sédentarité à haut risque : pupitres ajustables à la position debout, tapis roulant sous le bureau, exerciseurs et vélos de toutes sortes combinés aux écrans d’ordinateur et aux postes de travail. Les Britanniques et les Australiens semblent particulièrement avant-gardistes à cet égard ; chez eux, certains organismes communautaires prodiguent des recommandations aux employeurs pour faire bouger leurs employés, qu’ils soient devant leur écran ou en pleine réunion.
On estime que le simple geste de se lever ou de travailler en position debout, quelques minutes chaque heure, augmente la dépense énergétique de 1 ou 2 calories par heure. Cette augmentation, si modeste soit-elle, influence tout de même certains problèmes métaboliques, comme la résistance à l’insuline ou la régulation des lipides sanguins (graisses). Et le fait de bouger ainsi périodiquement prévient des douleurs au dos, au cou, peut soulager l’ankylose musculo-squelettique et apporterait même des bienfaits aux personnes souffrant de dépression ou même de démence.

Bouger procure certainement des bienfaits sur le plan individuel, mais les entreprises en profitent aussi. Les employés qui s’activent sont moins malades et plus performants. Il en résulte, pour l’entreprise, un accroissement de la productivité, une diminution de l’absentéisme, mais aussi une réduction du « présentéisme » (être présent au travail, sans nécessairement être productif).

Mode ou réalité ?
Les coûts et les impacts d’une réorganisation du milieu de travail en limiteront certainement l’application. En revanche, qu’il s’agisse d’une tendance réelle ou d’une mode, on peut retenir différentes mesures pour favoriser la position debout, même durant quelques minutes, afin de contrecarrer les risques encourus par une position assise prolongée.
❱ Étirez quelques muscles et déliez certaines articulations toutes les 50 à 60 minutes.
❱ Levez-vous et faites quelques pas sur place ou autour du bureau lorsque vous amorcez un échange téléphonique.
❱ Marchez à la rencontre d’un collègue plutôt que de lui envoyer un courriel ou de l’appeler.
❱ Détournez-vous des ascenseurs et utilisez l’escalier.
❱ Gardez un chronomètre sur votre poste de travail pour vous rappeler de changer de position.
❱ Tenez vos réunions debout ; vous les rendrez ainsi plus concises et… actives.

Considérant que les gens actifs sont également à risque, sachez que les 30 minutes d’activité physique recommandées quotidiennement représentent bien peu, proportionnellement aux 16 heures d’éveil, dont près de la moitié est passée en position assise. D’autres solutions faciles et concrètes doivent être envisagées.
L’année scolaire recommence, l’automne arrive, le retour au bureau après les vacances a eu lieu… Obligez-vous à accomplir les tâches quotidiennes en diminuant votre temps passé en voiture :
❱ Raccompagnez les enfants à pied, de l’école à la maison.
❱ Rendez-vous au travail à vélo.
❱ Garez votre voiture plus loin pour vous permettre d’insérer un réel intervalle actif entre la maison et le boulot.
❱ Convainquez vos collègues de sortir marcher après chaque dîner.
❱ Relevez le défi des 5 pompes, des 30 secondes de squat ou des 3 tractions, les midis où il pleut.
❱ Troquez quelques messages textes contre une salutation au soleil derrière votre chaise de bureau, durant la pause.
❱ Surtout, ignorez les regards moqueurs et les airs désapprobateurs de vos collègues… inactifs.

Ça ressemble à ça, le travail par intervalles ! Allez-y, bougez brièvement, mais
davantage. Et, surtout, asseyez-vous moins !