Ne partez pas sans elle!
photo Nathalie Schneider
La trousse de premiers soins est votre meilleure amie en expé, mais une amie que vous souhaitez ne pas voir trop souvent!
Même si elle vous encombre, elle est pourtant un mal nécessaire. La règle d’or: prendre avec soi le minimum, et en retirer le maximum. Plusieurs facteurs détermineront le contenu de votre trousse d’urgence: votre destination, l’accessibilité et la qualité des soins dans la région visitée, la durée de votre expédition et le type d’activité pratiquée, le nombre de personnes qui voyagent avec vous, le poids alloué au matériel médical et le volume autorisé pour transporter vos propres fournitures, sans oublier votre expertise médicale personnelle et celle de vos partenaires.
Vous comprenez aisément qu’une trousse transportée par votre club de triathlon sur le site d’une compétition urbaine sera totalement différente de celle d’un raid à ski-traîneau au Groenland, en autonomie. Toutefois, rien n’interdit, pour un même voyage, de se munir de plusieurs trousses. Ainsi, une expédition himalayenne assistée de porteurs et de yacks permettra d’apporter du matériel plus lourd et plus volumineux, comme un caisson hyperbare. À destination, vous n’emporterez que l’essentiel pour l’ascension, laissant la grosse quincaillerie au camp de base.
Personnellement, je préconise l’utilisation de plusieurs trousses. Une première trousse, individuelle et très minimaliste, et une seconde, plus élaborée, mais commune aux membres de l’équipe.
La trousse individuelle
Elle se personnalise en fonction des besoins de chacun. Pour ce qui est de la mienne, mon entourage me compare au cordonnier mal chaussé, en raison de son côté minimaliste. On y trouve en général quelques comprimés analgésiques de base, un minimum de ruban adhésif (du duct tape ou du ruban en tissu comme celui utilisé sur un bâton de hockey), quelques pellicules autocollantes médicales (Opsite ou Tegaderm sont les plus connues), du sparadrap à découper, un outil multiusage (les ciseaux sont précieux), une pommade de protection solaire de type Dermatone, qui sert à toutes les sauces, et une paire de gants en caoutchouc nitrile. Ah oui! ajoutez aussi une petite dosette de miel (format restaurant) et quelques bonbons de la dernière Halloween, volés aux enfants! Ils sauront vous donner un petit shoot de calories en cas de déperdition d’énergie. Laissez tomber toutes les compresses sèches, facilement remplaçables par quelques feuilles de papier hygiénique, que vous emportez de toute façon… Glissez le tout dans le fond de votre sac à dos avec quelques autres articles de survie, et le tour est joué!
La trousse commune
Pour une sortie plus longue ou une expédition d’envergure, élaborez votre trousse médicale commune en l’adaptant au type de voyage (expédition tropicale ou hivernale, ascension en altitude, etc). Pensez alors aux antibiotiques, aux analgésiques plus puissants, ainsi qu’à du matériel plus sophistiqué: attelles, bandages, compresses ou pansements particuliers, bandes élastiques, antiseptiques, onguents antibiotiques, voire du matériel de suture.
Quel que soit le type de trousse que vous composez, souvenez-vous: la trousse parfaite n’existe pas. Cela étant dit, six grands principes vous permettront de préparer celle qui conviendra à vos besoins:
1 N’emportez rien qui ne vous est pas familier. En situation de stress ou de vive émotion, ces articles pourraient même être nuisibles. Comme vous ne saurez pas les utiliser, ils risquent de vous faire perdre un temps fou.
2 Évitez les articles trop spécialisés; préférez plutôt la polyvalence. Un collet cervical ne servira qu’à vous encombrer. Il est relativement facile d’immobiliser un blessé avec une armature de sac à dos, une pelle d’avalanche ou un matelas de sol. Sachez aussi fabriquer un masque de réanimation pour ventiler une personne inconsciente avec un simple gant de nitrile plutôt que d’emporter un masque de poche.
3 Intégrez quelques articles de survie comme une couverture réfléchissante, quelques allumettes, un bout de cordelette, etc.
4 Sachez utiliser votre équipement ou votre environnement pour vous secourir. Apprenez à évacuer un blessé en fabriquant un cacolet avec votre corde d’escalade; servez-vous d’une planche à neige comme planche dorsale pour un blessé médullaire; ou encore, mettez à contribution des fourmis légionnaires pour réaliser vos sutures naturelles!
5 Inspectez votre trousse fréquemment. Vérifiez les dates de péremption et remplacez les articles utilisés. Plus vous en connaissez le contenu, plus elle vous sera utile en temps opportun.
6 Souvenez-vous que votre trousse ne sauvera jamais une vie; ce sont vos connaissances, vos habiletés à improviser et votre savoir-faire qui vous sortiront de situations d’urgence.
Les histoires épiques de survie et d’improvisation médicale en plein air sont passionnantes, mais on préfère les éviter. Vaut mieux être préparé à faire face aux aléas. Vous trouverez beaucoup d’ouvrages très accessibles sur le sujet ou des formations pratiques encadrées par des professionnels.•
Voici mon petit «palmarès des essentiels»
❑ Tube de colle Krazy Glue
Pour des sutures chimiques très durables, cette colle composée de cyanoacrylate est sans danger; elle est quasi identique à celle qu’on utilise à l’hôpital. Pour que ce soit efficace, appliquez-la toujours sur une plaie coagulée et sèche.
❑ Tampon et serviette hygiénique
Un peu trop gros pour le saignement de nez, mais utile pour comprimer une petite hémorragie et gagner ainsi du temps. En plus, si vous êtes un homme, vous serez vraiment un héros pour la femme qui a oublié ses protections en expé…
❑ Opsite ou Tegaderm
Ces fines pellicules autocollantes sont parfaites pour les phlyctènes (ampoules), les petites coupures, pour un usage temporaire sur les brûlures, etc.
❑ Duct tape
Pour coller, réparer, attacher… on trouve facilement de l’information sur ses mille et un usages.
❑ Épingle de sûreté (épingle àcouche)
Pour retirer un corps étranger, suturer, ponctionner un ongle, bref, la liste des utilisations est presque aussi longue que celle du duct tape.
❑ Sac de plastique
Ca semble idiot, mais c’est toujours quand on en a besoin qu’on n’en a pas. Pourtant, il vous servira à recueillir de l’eau, irriguer une plaie ou regrouper le matériel médical souillé.
❑ Chambre à air
Utile pour faire un garrot, une ceinture pelvienne ou encore, pour confectionner
une attelle avec des branches sur un poignet, un avant-bras ou un tibia fracturé. Son poids est à considérer, mais elle encombrera peu votre traîneau ou votre canot.