Jay Peak, la grande dame du Vermont

Tous les skieurs habitués à la Nouvelle-Angleterre vous le diront: Jay Peak est certainement la plus belle et la plus intéressante station de ski au sud de la frontière québécoise. Rien de moins.

Le fait qu’elle appartient à Mont Saint-Sauveur n’y change rien: il ne s’agit pas d’un commentaire chauvin, les Américains sont légion à soutenir la candidature de Jay au palmarès des plus belles glisses de l’est américain.

Et pour cause. À 2153 pi, Jay Peak est un des sommets les plus élevés au sud de la frontière. Il domine nettement les paysages environnants, ce qui lui permet d’accrocher les nuages remplis de neige qui traversent cette région déjà généreusement pourvue en flocons. La moyenne historique est de 296 po. Certains hivers, on enregistre plus de 30 pi de neige!

C’est assez rigolo de lire les guides de ski américains, qui vantent la station pour ses charmes québécois. Elle dégage plutôt un look alpestre, avec son tram et son architecture tyrolienne. Le tram, une curiosité dans l’est du continent, est en fait une télécabine pouvant emmener directement au sommet 60 personnes à la fois. La vue, durant la remontée, est inoubliable. Tout comme la photo hallucinante du chalet, où on aperçoit les ouvriers mohawks qui, ayant installé le câble du tram il y a bien longtemps, redescendent sur la terre ferme en marchant en équilibre sur ledit câble!

Jay gâte les skieurs qui ont dormi sur place. Parce que la première neige du matin est inoubliable. Il est même possible, pour les premiers skieurs inscrits de la journée, de dévaler avec la patrouille, qui inspecte les pentes avant le démarrage effectif des remontées mécaniques. La station est aussi renommée pour son ski de printemps et, surtout, ses sous-bois. Certains sont tout à fait abordables pour les skieurs occasionnels, mais la majorité sont des terrains parfois extrêmement difficiles.

Le développement de la station, assez harmonieux, permet aux skieurs de demeurer pratiquement en permanence dans la forêt. Une majorité de pistes sont étroites, même si quelques boulevards rassureront les skieurs peu expérimentés. Ce sont les sous-bois qui ont fait la renommée de la station. Il y en a pour tous les goûts et tous les calibres. On en sort littéralement chamboulé, ému, remué, illuminé, radieux.

Le domaine skiable est essentiellement réparti sur deux pics: Ullr et Sate Side. Une cinquantaine de pistes forment un domaine dont on planifie l’expansion sur un troisième versant. À 4000 pi d’altitude, le Sky Haus, où arrête le tram, offre une vue inouïe sur la gorge de la route 242 menant vers Montgomery, ainsi que sur la région d’Owl’s Head.

De cet endroit, vous dévalez vers le versant Ullr par la Northway, une piste creusée dans la falaise. Un domaine forestier composé de douces intermédiaires, qui finissent dans une poussive verte menant au tram. C’est mon secteur préféré, car il s’en dégage une impression de solitude parfois extrême. J’y ai vu des chevreuils, un renard et plusieurs rapaces à la chasse.

Un must: la piste Vermonter sur la crête entre les deux sommets, une intermédiaire accessible, avec un minimum d’efforts, aux skieurs de tous les calibres. Elle permet d’accéder au domaine State Side, où la remontée Jet Triple ne dessert que des pistes expertes.

À noter: les pistes Derrick Hot Shot, Haynes, U.N. et The Jet pour faire travailler les mollets et mettre son courage à l’épreuve. La Can Am demeure un incontournable… s’il y a assez de neige. Jay compte deux pistes typiques du début du ski alpin en Nouvelle-Angleterre, les étroites Kitzbuehel et Hell’s Crossing. Le terrain intermédiaire se distingue grâce aux pistes Angel’s Wiggle et Northway.

Si vous êtes chanceux et casse-cou, et que vous skiez le lendemain d’une bonne tempête de fin janvier, vous pourrez vivre une expérience unique: celle des pistes Face Chutes et Tuckerman Chutes. Un véritable mur de roche, de petits arbustes accrochés à la paroi, un terrain ahurissant et épouvantable, où l’adrénaline demeure le seul carburant autorisé.

REPÈRE

On se rend à Jay Peak par l’autoroute 10 jusqu’à la sortie 106, à Eastman. Il faut ensuite emprunter les routes 245 et 243 jusqu’à la frontière américaine, puis brièvement la route 105 et la route 242 à partir de North Troy.

On y accepte l’argent canadien au pair.

J’ai eu la chance de faire partie des invités de la station et de loger deux fois dans l’appartement situé dans le Sky Haus du sommet, où arrête le tram. La vue y est exceptionnelle et le silence en haute montagne, troublé seulement par les courants d’air parfois rageurs, se vit aussi en plein jour, entre deux bordées de skieurs.

L’hôtel local dispose d’une piscine intérieure. Le night life n’est pas la marque de commerce de l’endroit, sauf au Golden Eagle Lounge, reconnu pour ses fraternisations arrosées mais relax. On s’amuse et on mange plutôt du côté de Montgomery, mais on va davantage à Jay pour la glisse. Aux dernières nouvelles, le sympathique Belfry était encore ouvert.

Un village de condos pour la plupart cachés dans la forêt complète l’hébergement. Il y en a de toutes les tailles et pour tous les goûts.

La station offre quelques dizaines de kilomètres de sentiers de ski de fond et de raquettes, au travers de forêts magnifiques. Il est possible de s’y faire accompagner par des guides naturalistes. Il y a également une patinoire éclairée.

Info: www.jaypeakresort.com, 1 800 451-4449 ou 802 988-2611