Présenté par Tourisme Gaspésie
Destinations

Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

Redécouvrir les Adirondacks village après village

  • Photos Marilynn Guay-Racicot

Adirondack Hamlets to Huts revisite le concept du « hut to hut », ou randonnée d’étape, en proposant des circuits de plein air qui relient des communautés méconnues des Adirondacks. Notre collaboratrice a testé ce combo de nature et de confort dans la plus grande réserve naturelle états-unienne.

Mon chum et moi avons rendez-vous avec Connie Perry à 8 h 30 au quai municipal d’Old Forge, un petit village du sud-ouest des Adirondacks situé à quatre heures de voiture de Montréal. Propriétaire d’une entreprise de location d’embarcations, Connie nous escorte jusqu’à notre moyen de transport des deux prochains jours : un fantastique canot fabriqué en Kevlar et muni d’une paire de pagaies, de deux vestes de flottaison ainsi que d’un cadenas afin de sécuriser le précieux esquif lors de nos escales villageoises. Elle repart aussitôt en emportant nos bagages. « See you later! » lance-t-elle en nous envoyant la main du volant de sa camionnette.

Nous nous apprêtons à réaliser un circuit en boucle qui nous fera explorer la Fulton Chain of Lakes. S’étirant sur 25 km, ce chapelet de huit lacs gérés par des barrages commence à Old Forge et constitue le point de départ de la Northern Forest Canoe Trail, un parcours nautique de 1190 km se faufilant jusqu’à la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Maine. Mais là n’est pas notre ambition. Grâce à Adirondack Hamlets to Huts , nous sommes plutôt en mode plein air communautaire autour de la Fulton Chain ok Lakes. Depuis 2021, cet organisme à but non lucratif crée des circuits de plein air clés en main qui s’articulent autour de localités méconnues des Adirondacks.

Les parcours autoguidés sont conçus de façon à ce que les adeptes de plein air pagaient, randonnent ou pédalent d’un village à l’autre, où ils font halte en vue de se sustenter, de se loger et de se ravitailler. « Nous offrons un mélange d’expériences, dans l’arrière-pays durant le jour, et sur le littoral le soir et la nuit pour manger un bon repas au restaurant et dormir dans le lit douillet d’un motel ou d’une auberge », résume Joe Dadey, directeur général et cofondateur de Adirondack Hamlets to Huts.

Fondée en 2017, cette jeune pousse a l’ambition de déployer un réseau de plein air de renommée mondiale qui soutient les petites communautés des Adirondacks. « Nous voulons disperser la fréquentation des visiteurs au-delà du secteur surachalandé des High Peaks, ainsi que leur impact environnemental et économique sur les communautés », affirme cet ex-enseignant en tourisme d’aventure écologique.

S’inspirant du réputé réseau de refuges néo-zélandais, Adirondack Hamlets to Huts n’a toutefois rien bâti de neuf. Pour développer son offre conjuguant nature et confort, l’organisme mise plutôt sur les sentiers nautiques, pédestres et cyclables déjà en place et sollicite les entreprises locales, comme celle de Connie Perry, pour la location de matériel de plein air, l’hébergement et les repas. En qualité de chef d’orchestre, Joe Dadey veille à la logistique afin d’assurer une formule sans tracas : création de l’itinéraire, réservation des chambres, transport de bagages, etc.

 

Maillon colonisé

D’une durée de trois jours, la boucle que nous avons choisie combine 35 km de canot (en outre de 5 km de portage), 10 km de rando et 44 km de vélo, avec escales dans quatre villages, dont celui d’Old Forge, notre point de départ et d’arrivée. Grâce à notre merveilleux canot poids plume et dépourvu de bagages, nous traversons la première moitié de la Fulton Chain of Lakes les doigts dans le nez. Cette section, qui relie Old Forge à Inlet, est loin d’être sauvage : les lacs sont densément bordés d’habitations tantôt rustiques, tantôt extravagantes, pour la plupart secondaires et ornées de drapeaux patriotiques et des emblématiques chaises Adirondack.

First Lake, Second Lake, Third Lake, Fourth Lake… À mesure que nous égrenons le chapelet, la quiétude matinale s’estompe, et nous devons nous résigner à partager les flots avec pontons, motos marines et chaloupes, les pagayeurs ayant déserté les lieux. Joe Dadey nous avait prévenus que cette portion du parcours serait moins zen… Un moindre mal quand il s’agit de voyager d’un village à l’autre en ne consommant que du jus de bras.

Au terme de 16 km de canotage, nous accostons à Inlet, sur la propriété du Woods Inn, une somptueuse auberge historique datant de 1894 et qui sera notre refuge nocturne. Nous y retrouvons Connie (et nos bagages !) parmi une panoplie de canots et de kayaks : son entreprise de location d’embarcation est voisine de l’auberge. Nous y mettons en sécurité notre esquif jusqu’au lendemain.

Le soleil est encore haut, et nos jambes demandent à être dégourdies. Ça tombe bien : à 1 km de notre gîte se trouve le départ de deux sentiers pédestres menant aux monts Rocky (1,6 km) et Black Bear (5 km). À la fin d’une montée très abrupte, nous atteignons le sommet dégarni de Rocky : le point de vue sur le Fourth Lake est splendide ! Nos estomacs criant famine, nous faisons l’impasse sur le second sentier. Direction rue principale d’Inlet, où nous engloutissons une pizza format géant (bienvenue aux États-Unis). Nous en profitons pour faire le plein de victuailles en prévision de notre seconde journée de canotage.

Maillon sauvage

Après une nuit douillette et un petit-déjeuner au café du coin, nous remettons le canot à l’eau et empruntons un étroit canal au cœur d’Inlet, d’où le village tire son nom (inlet signifiant entre autres « canal »). Ce passage nous conduit au Fifth Lake, où nous rencontrons le premier cul-de-sac nautique du parcours. Un court portage en bordure d’une route nous fait pénétrer dans la partie la plus sauvage de notre itinéraire. À partir du Sixth Lake, les habitations se dispersent au rythme de nos coups de pagaie. Sur le Seventh Lake, les berges retrouvent enfin leurs lettres de noblesse. On aperçoit ici et là des abris trois-faces et des emplacements de camping sauvage, signe que nous sommes en territoire public protégé.

Nous devons transporter le canot à travers un camping public afin de rallier le huitième et dernier lac de la Fulton Chain, le plus beau de la série. Ses rives sablonneuses et sauvages appellent à la baignade. À son extrémité nous attend un troisième portage, qui se révèle être une agréable balade en forêt, gracieuseté du sentier large et fort bien aménagé.

Ce portage débouche sur le Brown Tract Flow, un étroit cours d’eau méandreux qui serpente dans un magnifique marécage égayé notamment de ma plante carnivore préférée, la sarracénie pourpre. Quel plaisir de zigzaguer pendant une bonne heure dans ce riche écosystème occupé par les castors ! La preuve qu’ils sont bien là : cinq de leurs barrages se dresseront sur notre chemin, nous forçant à nous mouiller les pattes pour les surmonter. Coup de cœur de notre aventure, ce manège aquatique indique la fin de la Fulton Chain lorsqu’il nous éjecte dans le Raquette Lake. À notre arrivée au village homonyme, nous troquons le canot pour de rutilants vélos de cross-country. Ces bécanes nous ramèneront à Old Forge le lendemain.

Notre logis pour la nuit est sis au-dessus du seul bar de l’endroit, le Raquette Lake Taproom & Hotel, qui fait aussi office d’auberge et de resto. C’est typique d’un bled états-unien ! Afin de vivre la totale, nous nous mettons sur notre trente-six et montons à bord du W.W. Durant pour une croisière dînatoire quatre services sur le Raquette Lake, le plus grand lac naturel des Adirondacks marqué par les « Great Camps », des complexes d’hébergement rustiques autrefois occupés par de richissimes familles états-uniennes pendant la saison estivale.

Pédalage en forêt

Au troisième jour, qui marque le dernier segment du parcours, nos gambettes prennent le relais. Nous roulons d’abord sur un chemin de gravier sans grand dénivelé qui nous mène à Eagle Bay, un patelin en bordure du Fourth Lake. Pause gourmande obligée au fameux Donut Shop avant de rejoindre la Tobie Trail. Ce sentier multiusage de 25 km permet de pédaler, de randonner et, en hiver, de faire de la motoneige dans la vaste forêt publique qui longe le chapelet de lacs entre Eagle Bay et Old Forge. Se succèdent alors étangs, lacs minuscules, collines, buissons garnis de framboises et de mûres délicieuses, de même que chalets sans électricité. Quelle charmante route cyclable forestière !

À la recommandation de Joe Dadey, nous dévions de la Tobie Trail dans l’intention d’ascensionner le mont Bald (716 m). Nous planquons nos montures dans la forêt, cadenassées à un arbre faute de support à vélos. Cette randonnée pédestre de 3,2 km, assez escarpée merci, s’avère très populaire. À son sommet, rocheux et dégagé, s’élève une ancienne tour d’incendie restaurée en tour d’observation jouissant d’un panorama grandiose sur la Fulton Chain of Lakes et la forêt qui s’étend à perte de vue. Du haut de cet observatoire, nous sommes soudainement saisis par l’ampleur des Adirondacks.

Créée en 1892, cette réserve nationale, la plus vaste des États-Unis contigus, couvre quelque 25 000 km2 et abrite 105 villes et villages. De nombreuses propriétés privées parsèment le parc et représentent un peu plus de la moitié du territoire des Adirondacks. « Cet amalgame de terres publiques et privées, de communautés et de territoires sauvages, confère un caractère unique au parc des Adirondacks », estime Joe Dadey, qui aspire à mettre cette unicité de l’avant avec ses circuits de plein air.

De retour à Old Forge, charmés par cette immersion dans un coin méconnu des Adirondacks, mon chum et moi bouclons la boucle avec une douche chaude, une bière fraîche et une joute ludique de minigolf. Le perdant paie la crème glacée !

EN BREF

Trois jours de canot, rando et vélo dans un pôle plein air développé, quoique méconnu, des Adirondacks. À quatre heures de voiture de Montréal.

ATTRAIT MAJEUR

La combinaison du plein air et d’un tourisme authentique.

COUP DE CŒUR

Le Brown Tract Flow en canot et la Tobie Trail à vélo.

adkh2h.org