Route de la soie /// Jour de marché à Kashgar

Me voici parvenu à Kashgar, ville mythique à plusieurs égards. Du temps de la route de la soie, c’était la deuxième étape la plus importante après Samarkande. Un arrêt indispensable et bienvenu pour les caravanes qui venaient de contourner le désert du Taklamakan (comme je viens de le faire ces dernières semaines) avant de s’attaquer aux montagnes du Pamir. Et tout autant pour ceux comme Marco Polo qui venaient de franchir les hauts cols du Pamir et devaient se reposer avant d’entamer l’exigeante traversée du Tarim.

Porte d’entrée et de sortie de la Chine, centre d’échange avec tous les peuples d’Asie centrale, Kashgar a gardé son aura parmi les voyageurs modernes. Et c’est son marché du dimanche qui reflète le mieux ce formidable brassage que représenta Kashgar pendant des siècles.

Les Kashgaris, mais aussi les Kirghizes des environs ou les Tadjiks habitant les montagnes proches, viennent acheter quelques denrées indispensables ou vendre leurs bêtes en surplus. Il y a les échoppes colorées, le bazar tellement animé qu’il est difficile d’y circuler, et puis le marché aux bestiaux qui est le plus célèbre et le plus typique. Pas besoin de beaucoup d’imagination pour se croire quelques dizaines ou même centaines d’années en arrière.
Peu de choses ont changé.

Les visages sont les même, les échanges aussi. C’est un capharnaüm passionnant, baigné de la douce lumière filtrée par l’omniprésente poussière. Ici un homme montre fièrement ses deux chèvres, là un autre tâte la profondeur de la fourrure pour se faire une idée de la valeur. Un peu plus loin un jeune complète le toilettage de ses bêtes pour les présenter sous leur meilleur jour. Partout des discussions animées pour convaincre un acheteur ou un vendeur. Et ces deux-là sont toujours entourés de passants qui participent au marchandage. Chacun semble donner son avis et très souvent un intermédiaire prend l’argent des mains de l’acheteur et le donne au vendeur en argumentant vivement pour qu’il accepte.

Le spectacle se renouvelle à l’infini, pour les brebis, les vaches, les chevaux, plus rarement quelques chameaux. Je reste des heures à m’imprégner de cette ambiance si différente de ce que j’ai vu jusqu’à présent en Chine. Je me sens vraiment aux portes de l’Asie
centrale.