Route de la soie /// Le corridor de Hexi

Quelques jours à peine après avoir quitté X’Ian, nous rejoignons la province de Gansu. Toute en longueur, elle s’étire entre les montagnes bordant le plateau tibétain au sud-ouest et le désert de Gobi pas très loin au nord-est. En son centre, le corridor de Hexi, passage obligé pour aller vers l’Ouest en évitant ces deux régions inhospitalières.

Nous remontons une succession de vallées coincées entre d’arides contreforts montagneux. Les commerçants de la route de la Soie passaient par là et la plupart des villes où nous faisons étape sont nées de ce trafic. Wuwei, Zhangye, Jiayuguan défilent au rythme de notre pédalage.
Au fur et à mesure que nous roulons vers l’ouest, le terrain s’assèche. Les villages sont plus espacés; on s’approche clairement des zones désertiques. Les routes, qui étaient meilleures qu’au Québec au début du périple, commencent à être plus difficiles. Déjà les portions en terre ajoutent à l’exigence de la distance. Mon corps « tient la route », mais avec plus de 140 km chacun des trois derniers jours, je sens la fatigue s’accumuler.

Ce soir, nous campons au pied de la grande muraille de Chine. En terre comme elle a été construite initialement, les postes de contrôle en ruine, elle impressionne quand même par son ampleur. Imaginez ! Je suis à 2500 km de Pékin et la grande muraille continue. Elle trace clairement une immense ligne droite qui se perd à l’horizon. Tout ça pour repousser pendant des générations les assauts répétés des « barbares », ces peuples du Nord et de l’Ouest si rapides sur leurs « chevaux ailés » qu’ils dominaient souvent les puissantes armées chinoises. C’est d’ailleurs à la recherche de ces chevaux rapides élevés en Asie centrale, que l’empire chinois a commencé sa propre conquête de l’Ouest, il y a plus de 2000 ans, bien avant l’américaine.

Mais ce soir pas de chevaux ailés, pas d’armée, juste le silence et l’air frais d’un coin tranquille du corridor de Hexi.