La côte charlevoisienne en kayak de mer

À coups de pagaie, deux jeunes entrepreneurs nous dévoilent la beauté du littoral charlevoisien dans le secteur de Saint-Siméon, là où les bateaux de croisière sur le fleuve ne dissimulent pas le souffle des baleines.

Entre La Malbaie et Baie-Sainte-Catherine, la côte charlevoisienne, qui se déploie sur une centaine de kilomètres, présente un relief très accidenté et hachuré. Les kayakistes fréquentent peu cette section de l’estuaire, lui préférant les environs de Tadoussac et le fjord du Saguenay, pour toutes sortes de raisons, comme la possibilité de pagayer près des rorquals, au pied d’immenses parois rocheuses. Les pagayeurs manquent toutefois l’occasion de découvrir des paysages magnifiques, qui diffèrent de ceux offerts à partir de la route 138.

Depuis 2021, l’entreprise d’excursions guidées Bosco Charlevoix, fondée par Antoine Forest et Roxane Lazzaroni et dont la dénomination fait référence au nom de leur premier chien de traîneau, ouvre ce territoire aux personnes qui veulent découvrir le littoral sans se casser la tête. Car l’estuaire du Saint-Laurent, à la hauteur du parc marin du Saguenay- Saint-Laurent, recèle de forts courants marins qui invitent à la prudence, d’autant plus lorsqu’on ne connaît pas le coin.

Nomades dans l’âme, Roxane et Antoine, tous les deux âgés de 28 ans, ont décidé de se sédentariser à Saint-Siméon en raison de son potentiel plein air à développer. « Ici, tout reste à faire », résume Antoine. Ils y ont déniché une terre près des Palissades de Charlevoix et du futur parc national de la Côte-de-Charlevoix, où ils proposent, en compagnie de leurs quadrupèdes, des excursions en traîneau à chiens en hiver. Durant l’été, ils se métamorphosent en guides de kayak de mer. Leur but : n’avoir jamais d’employés, histoire de simplifier au maximum les activités de l’entreprise.

Normalement, les deux guides se partagent les sorties sur l’eau, mais j’ai eu la chance qu’ils m’accompagnent ensemble lors d’une sortie en fin de saison. Leurs excursions commencent au cœur de Saint-Siméon, à la halte routière située à l’embouchure de la rivière Noire. Nous sommes en secteur urbain, tout près du quai de la traverse Rivière-du-Loup–Saint-Siméon. En quelques coups de pagaie, nous quittons les aménagements urbains pour un littoral plus sauvage, avançant en direction de Port-au-Persil. « Selon les courants marins, on navigue en amont ou en aval de l’estuaire », précise Roxane. L’autre destination est le phare du Cap-de-la-Tête-au-Chien, le plus haut phare en altitude sur le Saint-Laurent. Ce bâtiment patrimonial datant de 1909 fait face à l’île aux Lièvres.

Jusqu’à Port-au-Persil, nous enfonçons notre double pagaie dans une eau émeraude en longeant les escarpements rocheux de la côte, progressivement, à un rythme zen. Malgré la présence d’habitations, les lieux conservent leur caractère sauvage et leur splendeur. Chemin faisant, nous avons vu au moins quatre bélugas, dont deux mamans et leurs veaux. Nous les avons observés dans un silence de recueillement. La population de cette petite baleine blanche compterait 1850 individus, indique un récent bilan scientifique. Deux fois plus que ce qui avait été estimé, ce qui constitue une rare bonne nouvelle dans le milieu environnemental. L’observation des mammifères marins n’est pas l’objectif principal de Bosco Charlevoix, mais c’est un petit extra que nous avons vraiment apprécié.

___

Formation

En plus de leurs excursions sur le Saint-Laurent, Roxane et Antoine sont des guides de kayak possédant une formation de Pagaie Canada (certifications de niveaux 2 à 4). Ils donnent à leur tour des formations, du niveau de base au niveau 2. Tous leurs cours se déroulent dans le décor inspirant de Saint-Siméon. Pour joindre l’utile à l’agréable, take a kayak!

____

Un troisième parc national dans Charlevoix

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a entrepris le processus menant à la création du parc national de la Côte-de-Charlevoix, dont la superficie correspondrait à peu près à la réserve de biodiversité projetée du même nom. Les premières étapes consistent à évaluer le potentiel et les contraintes du territoire et à consulter les parties prenantes. « Des rencontres avec des citoyens et des intervenants locaux et régionaux intéressés par le projet ont déjà eu lieu, de même que plusieurs visites de terrain », indiquait le MELCCFP en novembre 2023. Ultérieurement, le Ministère, en collaboration avec la Sépaq, travaillera à un concept d’aménagement dans le but de définir les activités et les services qui pourraient y être offerts. Le nouveau parc devrait être inauguré dans quelques années.