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Dévoreurs de vagues, d’eau et de planches

  • Wake surf

«Une fois que t’es entré, t’es dedans. Il n’y a pas de sortie possible.»

C’est avec ce clin d’œil un peu mafieux que la légende américaine du surf Kenny Slater décrit, à la blague bien sûr, la pratique du surf et la communauté qui y est reliée. Mais ce sport n’est plus dans les années 1950…

Quelques endroits au Québec permettent d’affronter des vagues naturelles, le potentiel hydrographique de la belle province repose davantage sur ses innombrables cours d’eau que dans la vélocité de ses lames. Qu’à cela ne tienne : si les vagues ne sont pas de la partie, il suffit… de les créer. En effet, la belle saison propulse de plus en plus les activités permettant d’effleurer l’eau : plusieurs d’entre elles, particulièrement les déclinaisons du surf et autres sports de planches, sont fortement en vogue. Incursion dans un univers où les éclaboussures sont étonnamment contagieuses.

Au beau milieu du populaire lac Kénogami, cet immense réservoir de 28 kilomètres de long situé à quelques minutes de la ville de Saguenay, il n’est pas rare d’apercevoir des adeptes du ski nautique ou leurs cousins, planche aux pieds, pratiquant le wakeboard. Depuis peu, plusieurs remarquent des curiosité sur le plan d’eau, qui paraissent défier les lois élémentaires de la physique : il faut s’approcher de plus près pour tenter d’y comprendre quelque chose. Parmi ces anomalies aquatiques (qui n’ont cependant rien du monstre marin) : des surfeurs qui s’exécutent derrière une embarcation… mais sans être tractés par une corde. Certains aperçoivent même, de temps à autre, un kitesurfer dont la planche… ne touche pas à l’eau!

Marcher sur l’eau

Au premier abord, la vision d’un surfeur qui évolue à près d’un mètre au-dessus de la surface de l’eau a tout du mirage. Pourtant, la planche n’est effectivement jamais en contact avec les vagues : c’est plutôt un foil (ou une aile glissante) qui est dans l’eau et propulse le planchiste là où bon lui semble. Le concept de l’hydroptère (Hydrofoil en anglais), bien développé en navigation, est désormais utilisé dans le domaine du surf, du surf à pagaies (SUP) voire du kitesurf, décuplant littéralement les sensations typiques à ce sport : vitesse et précision atteignent des niveaux inégalés.

Si cette façon de se déplacer semble déjouer la physique, elle repose sur un concept pourtant assez simple : le même qui permet à un avion de voler. En effet, l’aile du foilboard a un profil très marqué d’un côté et de l’autre un profil plus fin ou plat. Grâce à la pression de l’eau, une force de poussée est engendrée et la planche s’élève au-dessus des flots. Le reste n’est pas autant évident qu’il ne le semble : en raison de la surélévation de la planche, la stabilité s’acquiert à travers un fin mélange de transfert d’appui et de relâchement sur l’aile. « C’est très, très précis et la façon dont on ressent le foil qui mord dans l’eau est absolument phénoménale » précise Jean Rousseau, kitesurfer de longue date qui a été immédiatement séduit par le concept de l’hydroptère adapté à ce sport. Il troque désormais un aileron de sa planche pour y installer un foil : « Cette juxtaposition de nerveuse maniabilité et d’impressionnante vitesse est unique au foilboard et procure des sensations proches du surf mais définitivement plus agressives » ajoute celui qui est fréquemment interrompu par les curieux qui cherchent à comprendre de quelle façon il peut parcourir un cours d’eau… sans donner l’impression d’y toucher.

Si les athlètes d’élite du foilboard (tel l’Hawaien Kai Lenny, véritable touche-à-tout de toutes les déclinaisons possibles du surf et champion mondial de SUP) évoluent dans des conditions paradisiaques, où les mouvements d’eau permettent fréquemment de surfer, le Québec offre un terrain de jeu somme toute limité question vagues. D’autres moyens de propulsion y pullulent toutefois, notamment le vent : « Avec une voile et une planche sur laquelle est installée une aile, le défi est impressionnant. On doit à la fois gérer la puissance dans la voile et aussi l’élévation de l’aile dans l’eau » conclue Rousseau, qui dirige l’école Kite Saguenay dans la région du même nom. Le surf à pagaie (ou à rame) est aussi un véhicule tout indiqué pour y ajouter un foil : la plupart des planches disposent effectivement d’ailerons amovibles. Il suffit de troquer la fin (aileron), comme l’appelle les expérimentés, pour une aile avec un mat (hydrofoil). Seul bémol : en l’absence de vagues, il est nécessaire d’être tracté, ou du moins d’avoir une certaine vitesse permettant de « prendre son envol ». Ainsi naissent des phénomènes farfelus quasi-inimaginables : une planche à voile volant au-dessus de l’eau car équipée d’un foil, un fatbike qui, de la plage, tire un SUP qui donne l’impression de se soustraire à l’eau. Toute embarcation nautique peut être dotée d’un hydroptère, en fait! Même… un kayak!

Pour d’autres, il faut –étonnamment- à tout prix éviter à la fois les turbulences d’un cours d’eau et le vent pour obtenir les sensations tant recherchées du surf. Plus le plan d’eau est une mer d’huile, plus la journée promet d’être sensationnelle. C’est que la vague créée par la puissante (et spécifique) embarcation est indispensable à un surf de qualité, et ne doit en aucun cas être altérée. Une attention particulière au phénomène d’érosion qui y est lié est aussi obligatoire.

Wake surf 2

Propre et sécuritaire

Le wakesurf demande une vague de puissance constante, en quelque sorte infinie, sur laquelle on glisse à l’aide d’une planche semblable à celle du surf, mais de dimensions plus réduites. Les pieds n’y sont pas attachés, contrairement au wakeboard. Le surfeur se tient à une distance assez rapprochée du bateau afin de profiter du juste équilibre (sweet spot) d’où il tire profit de l’effet d’entraînement de la vague créée par l’embarcation. Les départs se font à l’aide d’une corde (les débutants peuvent y rester accrochés afin de se familiariser avec la vague) qu’on lâche pour reposer uniquement sur l’onde. Les plus expérimentés embrassent la vague, planche en main, à partir de la plate-forme abaissée du bateau.

La nécessité d’avoir en sa possession une embarcation dédiée à ce type de sport limite sa progression, puisque ce n’est pas à la portée de toutes les bourses : « Ce sont des bateaux spécifiquement conçus pour la pratique des sports nautiques : ils sont assez puissants, lourds (afin de créer une bonne vague) et leur moteur doit être à l’intérieur de l’embarcation (in-board), question évidente de sécurité si un wakesurfer venait à chuter vers le bateau. » mentionne Michaël Beaulac, mordu de sports de planche été comme hiver et copropriétaire des boutiques Homies à Saguenay, qui œuvre dans ce créneau. Ces embarcations disposent même de ballasts, réservoirs pouvant être emplis d’eau afin que le bateau soit plus lourd, avec comme résultat une vague de qualité.

Questionné sur l’impact que ces vagues peuvent avoir sur l’érosion des écosystèmes, le planchiste nuance : « Les vitesses qu’on atteint ne dépassent pas 8 nœuds (17 km/h), car, n’oublions pas, quelqu’un est tiré à l’arrière! La vague créée n’a rien à voir avec les speedboats ou autres mastodontes aux gros moteurs. On navigue à 300 mètres des berges, notre vitesse est réduite le reste du temps et on fuit les endroits achalandés, sécurité oblige. La communauté des wakesurfers est très conscientisée par rapport aux dommages possibles que peuvent entraîner les embarcations. En général, l’ensemble des pratiquants a des standards élevés en matière de respect des riverains, des rives et de l’environnement.»

Il est primordial de trouver un équilibre entre la qualité de la vague et la protection des rivages. Lorsqu’il planifie une session de wakesurf, Michaël Beaulac se dirige vers d’immenses plans d’eau aux rives rocheuses, tels la rivière Saguenay ou le lac Kénogami, où l’effet d’érosion est minimisé. Il admet qu’un plan d’eau achalandé est un véritable casse-tête à gérer, à la fois pour le conducteur du bateau et le wakesurfer; il n’y a selon lui rien d’agréable à s’y trouver. Il s’arrime aussi scrupuleusement avec la météo : « Le vent pose problème, car il crée des vagues, qui altèrent le sillon laissé par le bateau. Idem pour les autres embarcations et les ondes qu’elles laissent : Son temps favori pour agacer l’écume surgissant du moteur? Au printemps, ou encore tard à l’automne : « Les plans d’eau sont déserts; mais une bonne combinaison isothermique est de mise! » ajoute le passionné. Ce dernier ne tarit pas d’éloges à propos des ressentis une fois la vague maîtrisée : « Il y a quelque chose de gratifiant, mais surtout de libérateur de progresser sans corde sur cette vague infinie. » Il ajoute que tous ceux qui y sont initiés voient surgir sur leur visage un sourire indescriptible lorsqu’ils parviennent enfin à être autonomes sur le rouleau. Et sont surpris… de se découvrir des muscles au bas du corps!

Un Trifluvien dans les ligues majeures

Dom Lagacé est loin d’être dans le creux de la vague : il est l’un des plus importants wakesurfers de la planète et bourlingue aux quatre coins du globe afin de participer à divers concours et championnats. Adepte du surf et de la planche à neige, sa première expérience en wakesurf a été… accrochante, confie-t-il à Géo plein air alors qu’il s’entraîne au Nicaragua. « J’ai été séduit, et j’ai continué, migrant en Floride 3 ans afin d’être encadré par des pros » ajoute celui qui a fondé sa propre école de wakesurf à Trois-Rivières, baptisée Hi-5. Aux championnats du monde de 2007 en Californie, il décroche la troisième place. Le reste est une success story : commanditaires, destinations paradisiaques, podiums. « DoumLag », comme l’appellent ses potes, se démarque particulièrement dans les acrobaties typiques au skateboard (puisque le wakesurf est son équivalent aquatique) : les shuvit et autres back side big spin n’ont guère de secret pour lui. Il roule sa bosse entre compétitions et cliniques de wakeboard et wakesurf entre la rivière St-Maurice et Phuket… en Thaïlande.

Accessible… même l’hiver!

Bien qu’elle puisse projeter une impression de sport d’élite, difficile d’accès, à laquelle s’ajoute des considérations matérielles et financières importantes, l’initiation au wakesurf, wakeboard et autres activités similaires est étonnamment accessible partout en province. Deux centres intérieurs (l’Oasis surf à Brossard, le Maeava surf à Laval) offrent une vague artificielle, de dimensions allant jusqu’à six pieds, sur laquelle sont pratiqués plusieurs types de surf. Tous deux combinent une ambiance décontractée et offrent des cours. Une sortie originale à planifier en plein hiver!

Lorsque la météo est plus clémente, il est temps de profiter des innombrables ressources hydriques caractéristiques du Québec. À cinq minutes du centre-ville montréalais, NAVI met à votre disposition le grand bassin Laprairie, entre Verdun et l’île-des-Soeurs. L’expérience wakesurf/wakeboard est offerte en formule privée, sur réservation : un bateau nolisé entièrement équipé d’une foule de jouets aquatiques est vôtre pour une durée variant entre deux et quatre heures et demie.

Si vos envies sont moins jetset, et qu’aucun bateau n’est disponible dans votre entourage, des parcs sont spécifiquement conçus pour la pratique des sports de planches. Leur appellation de cable parks vient du système de câble tirant le participant qui s’initie ou évolue à travers divers infrastructures (modules) semblables à celles trouvées dans les parcs de planche à roulettes. La plage de Pointe-Calumet, dans les Laurentides, dispose d’un parcours d’un kilomètre. Le lac Mirage, dans la municipalité de Princeville en Beauce, comporte aussi une installation similaire. Enfin, l’entreprise Traxxion 4 opère un parc sur le lac Kénogami, à proximité du camping Jonquière.

Est-ce la glisse hivernale, bien présente dans l’ADN des Québécois, qui explique la popularité des activités liées au surf une fois les beaux jours arrivés? Notre imposant réseau hydrographique y est certainement pour quelque chose; mais l’explication se situe assurément dans l’attrait, parfois mystérieux, que constitue le désir de maîtriser cet élément imposant qu’est l’eau. La capacité que le créneau du surf a à se réinventer n’y est certainement pas étrangère; la mythologie autour du sport y contribue pour sûr. Si le cliché du surfeur n’est pas nécessairement acquis dès qu’on maîtrise la planche, le plaisir, lui, est instantané.