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Longue randonnée sur le littoral du Labrador

  • Photos Simon Diotte

Créé dans le but de faire connaître l’histoire du détroit de Belle Isle, le sentier des Pionniers du Labrador relie les villages de la côte sud-labradorienne dans un parcours maritime d’une soixantaine de kilomètres qui en met plein la vue. Le seul hic : c’est à 2500 km de Montréal !

J’ai appris l’existence du Labrador Pioneer Footpath (LPF) tout à fait par hasard. C’est en scrutant le site Fastest Known Time, qui recense les temps les plus rapides pour parcourir les sentiers de la planète, que je l’ai découvert. Des coureurs l’avaient déjà repéré avant moi. Tout de suite, j’ai senti son appel. Imaginez, un parcours de 60 km qui attache les villages du sud du Labrador, sans quitter le détroit de Belle Isle d’un poil. Une randonnée balnéaire durant laquelle il est possible, à chaque étape, de se ravitailler et de dormir au chaud dans un gîte.

Ce sentier n’a presque rien de comparable au Québec, où les longs sentiers bordant la mer sont rares. Deux exceptions : la portion du Sentier international des Appalaches entre Mont-Saint-Pierre et Petite-Vallée, en Gaspésie, et les Sentiers entre vents et marées, aux Îles-de-la-Madeleine. Mais le cadre plus nordique du LPF, où on contemple des icebergs au printemps, en fait un sentier distinctif. Sa végétation aussi : tourbières, lichens et tuckamores, ces arbustaies extrêmement denses de sapins baumiers miniatures, constituent le décor d’un lieu où la forêt est inexistante.

 Un chemin historique

Le Labrador Pioneer Footpath est né de la volonté de la société historique locale de faire revivre l’ancienne voie de communication reliant les petits villages de pêcheurs de la côte. La construction de la route, la Trans-Labrador Highway, dans les années 1950, a effacé ce chemin traditionnel que les Labradoriens empruntaient, à pied, à cheval et en traîneau à chiens, lorsque la navigation était impossible. Il est ressuscité en 2010.

 

Depuis, ce chemin de randonnée relie un chapelet de villages baptisés de noms francophones. Le plus important, L’Anse-au-Loup, compte 600 habitants. Toutefois, malgré la toponymie française, personne ne s’exprime en français dans les parages (mis à part le préposé à la station-service de Forteau, un Marocain d’origine que je salue !). La raison : il n’y a jamais eu de colonisation française, seulement des stations de chasse à la baleine.

Les Français ont nommé le territoire sans jamais l’occuper réellement, avant de se faire chasser par les Anglais en 1760. Des Terre-Neuviens s’y établiront plus durablement à partir du XIXe siècle et les toponymes n’ont jamais été traduits. Leurs descendants sont d’une grande générosité, peut-être même un peu trop serviables… Si je les avais laissé faire, je n’aurais pas marché le sentier, je l’aurais parcouru en VTT, à la mode locale.

 Seul au monde

Bien que spectaculaire, le LPF vit dans l’anonymat le plus total. Les locaux, surtout amateurs de bébelles à essence, ne le fréquentent pas. Puisque personne n’en a jamais fait la promotion, le sentier demeure méconnu à l’extérieur. Mais les choses sont en voie de changer. En 2018, un employé du Sentier transcanadien, Michael Goodyear, l’a parcouru. Ce dernier a été ébahi par la beauté de l’environnement sur le sentier. « Immédiatement, j’ai été convaincu qu’il devrait être intégré au Grand Sentier », explique cet Ontarien. Le Grand Sentier, aussi désigné comme le Sentier transcanadien, vise à unifier le Canada en reliant des sentiers récréatifs.

Cette intégration change le destin du sentier, qui commençait à souffrir d’un manque flagrant d’entretien. Grâce au soutien du Sentier transcanadien, le LPF reprend vie. Autrefois sous la responsabilité des municipalités qu’il traverse, le LPF est maintenant sous la gestion d’un seul organisme, la Southern Labrador Development Association. En 2022, celle-ci a prolongé le sentier jusqu’à la frontière Québec-Labrador. Un ajout de seulement 3 km, mais qui mène à la route 500 (Trans-Labrador Highway), donnant de la visibilité à ce chemin pédestre.

Dans les années à venir, des équipes d’entretien visiteront les sections délaissées. Lors de ma visite en septembre 2022, la section Pinware, à l’extrême est, n’était plus accessible faute d’entretien, et la végétation avait repris ses droits. Une résidente m’avait suggéré d’y aller avec une machette pour ouvrir mon chemin. J’aurais dû l’écouter, car j’ai dû rebrousser chemin et marcher sur la route 500. Si tout va bien, un prolongement de plus de 25 km devrait être réalisé en 2023 ou 2024, jusqu’au village historique de Red Bay, complétant ainsi le projet original. La volonté des locaux : en faire leur fer de lance pour attirer des amateurs de plein air, encore peu nombreux dans le secteur.

Face au vent

Le sentier se parcourt dans les deux sens. J’ai décidé de partir de l’extrême est, de Pinware, en direction ouest. Une grosse erreur. Sur la côte, on marche à découvert, à la merci des intempéries. Puisque les vents dominants soufflent de l’ouest, je les ai donc affrontés de face pendant les 45 premiers kilomètres de ma randonnée. Le deuxième jour, les rafales soufflaient à plus de 50 km/h. Chaque pas exigeait de gros efforts. La troisième et dernière journée, j’ai marché en direction est, en profitant du vent de dos. Si seulement j’y avais pensé avant. On ne finit jamais d’apprendre.

Tout au long de son parcours, le LPF tutoie la mer. Sauf exception, on est rarement à plus d’une centaine de mètres du rivage. En raison des eaux froides du courant du Labrador, qui s’engouffre dans le golfe du Saint-Laurent par le détroit de Belle Isle, dont la largeur minimale atteint 15 km, la végétation locale est résolument nordique. La terre est complètement dénudée. Les tourbières spongieuses, les quatre-temps et les airelles constituent la majorité de la surface de marche. C’est doux pour les articulations, mais difficile d’y garder les pieds au sec. Le sentier s’aventure aussi sur les roches, abondamment couvertes de lichens. Les couleurs sont magnifiques. Par contre, à chaque pas, on se sent un peu mal de piétiner la végétation.

La géologie détonne sur la côte du Big Land, surnom du Labrador. On marche des kilomètres et des kilomètres à flanc de falaise surplombant la mer, sur des terrasses marines qui se sont formées il y a des millions d’années lorsque le niveau de la mer était plus élevé qu’aujourd’hui et que le continent était enfoncé dans la terre en raison du poids des glaciers. Dans plusieurs portions, je n’emmènerais pas de jeunes enfants. J’aurais trop peur d’une chute mortelle.

Les baleines sont nos uniques compagnes de randonnée. Les phoques auraient probablement été de la partie aussi, mais le temps frais de septembre les a fait disparaître dans les profondeurs. Pendant trois jours, je n’ai pas croisé un seul randonneur. Côté infrastructures, c’est le néant sur le sentier. Les campeurs dressent leur tente où bon leur semble, ce qui est permis. Si on n’aime pas dormir sous la toile, le tracé nous mène au cœur des villages. On s’y ravitaille en nourriture et en eau, et on dort dans un lit chaud, si c’est notre volonté.

Pour ma part, j’ai dormi pendant tout mon séjour au Florian, un hôtel situé à Forteau, directement sur le parcours. J’y ai pris tous mes repas, incluant les boîtes à lunch. Un gentil samaritain a fait la navette matin et soir pour me permettre de découvrir le sentier. Ce service n’est pas officiellement offert, me dit mon chauffeur, Melvin Dumaresq, père du propriétaire du Florian. Pourquoi ? La réponse est simple : parce que personne ne l’avait jamais demandé avant que ne le fasse l’auteur de ces lignes. Mais c’est un service qui pourrait être offert à plus de monde, me confie mon ami Melvin. À vous de le demander.

Les villages de la région Labrador Straits ne se distinguent pas par leur caractère bucolique. Ils sont charmants, sans plus. Ce n’est pas l’attrait principal du coin. Partout, le drapeau du Labrador y flotte à tout vent. J’apprends qu’il existe une certaine fierté locale : on se considère avant tout comme Labradoriens plutôt que Terre-Neuviens. Plusieurs Labradoriens avec qui j’ai discuté pensent même que le Labrador aurait dû faire partie du Québec. C’est la première fois de ma vie que j’entends des anglophones dire qu’ils auraient souhaité faire partie de la seule province majoritairement francophone du Canada. Le Labrador n’a pas fini de me surprendre.

Le sentier par tronçons, d’ouest en est

  1. Jersey Trail (6 km)

Début du sentier, à un jet de pierre de la frontière du Québec.

  1. De L’Anse-au-Clair à Forteau (17 km)

Une section en bordure de falaises vertigineuses. À Forteau, on y trouve de l’hébergement, un restaurant et un dépanneur.

  1. De Forteau à L’Anse-au-Loup (16 km)

Ça commence sur la route, avant que le sentier ne se faufile entre la mer et les murailles de pierre sur les collines. Puis on marche sur les dunes jusqu’au phare de la pointe Amour, le plus haut des Maritimes.

  1. De L’Anse-au-Loup à Pinware (17 km)

On grimpe sur les plus hautes collines de la côte avant de redescendre en bord de mer jusqu’à Pinware, traversant quelques bleds peu habités. En chemin, il est possible de faire l’ascension de la colline de Bousquet, au pied de laquelle se trouvent les vestiges d’un ancien fort français.

  1. De Pinware à Red Bay (plus de 25 km)

Cette portion du sentier qui devrait ouvrir en 2024 s’annonce grandiose. Une navette permettra de traverser la rivière Pinware avant de marcher sur des collines dénudées jusqu’au site historique de pêche à la baleine de Red Bay.

Sur les traces des baleiniers

Situé au futur terminus est du Labrador Pioneer Footpath, le hameau de Red Bay vaut le détour. Son port naturel accueille les navires depuis plus de 500 ans. Sur l’île Saddle, on trouve un lieu historique national : le site archéologique de ce qui fut l’un des plus importants postes de chasse à la baleine dans l’est de l’Amérique du Nord.

pc.gc.ca

Notre journaliste a été invité par Destination Labrador.

 

En bref

Une randonnée de 60 en bordure du détroit de Belle Isle, au Labrador.

Attrait majeur

Une randonnée maritime au décor nordique.

Coup de cœur

Le contact avec le détroit de Belle Isle.

labradorcoastaldrive.com