Présenté par le MELCCFP
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Les habitats fauniques : des milieux naturels essentiels

Grâce à la variété et à la qualité de ses milieux naturels, le Québec abrite une grande diversité d’espèces fauniques.

Rescapée de la civilisation

  • Photos Simon Diotte

À la frontière de l’Outaouais et de l’Abitibi-Témiscamingue, la rivière Dumoine constitue l’un des derniers grands cours d’eau du Québec méridional encore à l’état sauvage. Et il en sera ainsi pour toujours. Récit d’une expédition sur une rare réchappée.

J’en ai presque mal aux oreilles. Pas parce que j’ai une otite ou un tympan perforé, Dieu m’en préserve. Non, c’est le bruit constant des eaux tumultueuses de la rivière Dumoine qui résonne dans mon canal auditif. Sur ce cours d’eau mythique dans la communauté de canots-campeurs, les rapides se succèdent de manière pratiquement ininterrompue. D’un coup de pagaie à l’autre, leur musique prend possession de mon esprit, tel le murmure des vagues au bord de la mer.

Durant mes cinq jours à canoter sur la rivière Dumoine, j’ai été submergé par son caractère complètement sauvage. Outre le fracas de ses flots impétueux, j’ai été conquis par l’absence totale, sur son corridor, de pollution sonore. Bye bye, bruit de moteurs. Aucun camion, véhicule tout-terrain, scie à chaîne ou bateau à moteur dans les parages. Pas non plus de bips de notification : la rivière ayant été oubliée des ondes cellulaires, nos téléphones se sont tus. À bord de mon canot Esquif, j’ai réalisé que j’entendais probablement le même brouhaha de la nature que nos ancêtres, Amérindiens et coureurs des bois. Seule la rumeur des voix de mes compagnons de voyage s’élevait de temps à autre dans le parfait paysage sonore de la Dumoine.

Coulant plein sud aux confins du Far West québécois, la rivière Dumoine, longue de 140 km, se perd dans les forêts du Témiscamingue et du Pontiac. Peut-être parce qu’aucune route asphaltée ne la dessert, il n’y a que les canoteurs qui arrivent à la situer sur une carte. Même les castors à l’œuvre chez Hydro-Québec auraient fait l’impasse sur elle. Pourtant, la Dumoine aurait eu le potentiel d’abriter quatre centrales hydro-électriques, dixit une vieille étude retrouvée dans les méandres de l’internet.